Votre exposition « Land : héros ordinaires » présente une série de portraits en sépia. Comment avez-vous rencontré les personnes de ces portraits ?
Pendant quatre ans, je suis allée vers les habitants de la campagne et j’ai discuté avec eux, dans des jardins, sur des chemins. J’ai pris le temps de m’intéresser à leur histoire, de sortir de l’anonymat ces « héros ordinaires ».
Cette exposition est en quelque sorte un travail de mémoire ?
Oui. La plupart des gens photographiés sont âgés. Quelques-uns travaillent la terre, comme Albert, qui laboure avec des chevaux. J’ai voulu les présenter aux générations futures. Ils m’ont parlé de la vie au village, où les habitants étaient autrefois plus solidaires. Par ailleurs, l’histoire de ces gens est une leçon de courage, car ils ont vécu des moments difficiles, notamment pendant la guerre.
Les textes sont écrits en français et en alsacien. Quelle importance donnez-vous à la langue régionale ?
Il me tenait à cœur d’écrire aussi en alsacien. Cela complète ma démarche. C’est un dialecte qui s’éteint doucement et c’est regrettable. Les textes, inspirés des personnages, évoquent avec nostalgie tout ce qui a disparu, et font réfléchir sur le monde d’aujourd’hui. Ils interrogent le public sur l’identité alsacienne des gens de la campagne, sur ce qu’est l’Alsace.
Vos photos sont visibles au Musée du Pays de Hanau. Un lieu en accord avec votre travail ?
Oui, le musée de Bouxwiller, avec ses murs en pierres anciennes, dans cette ville médiévale, est un endroit féérique, magique. Il se crée une belle alchimie entre le lieu et les photographies. L’exposition avait été décalée à cause du confinement. Je suis soulagée qu’elle soit enfin visible.