En pleine crise sanitaire, les médias et les pages Facebook reconnues pour avoir diffusé des informations erronées (des « fake news ») sur la covid-19 ont obtenu six fois plus de likes, de partages et d’interactions que des médias neutres politiquement et les sources attestées scientifiquement.
L’an dernier, deux sociétés d’analyse de l’information, «NewsGuard» et «Fact Check», ont classé des milliers de pages Facebook selon leurs tendances politiques, et selon leur propension à partager des informa-tions dignes de confiance ou non. Après un suivi de plusieurs mois, le constat est sans appel : sur les 2 551 « éditeurs » passés au crible, les contenus politiquement clivants, ou volontairement erronés et tendancieux ont rencontré énormément d’engagements sur Facebook. Les « fake-news » n’ont jamais été aussi populaires
Les anti-masques et les « anti-vax » en tête, les utilisateurs « engagés » sur la plateforme seraient également – selon l’étude – beaucoup plus actifs que les autres profils d’utilisateurs. Selon Rebekah Tromble, la directrice de l’IDDP (Institut des Données, de la Démocratie, et de la Politique) à l’Université de Washington, chargée d’analyser les résultats, « cette observation approfondie de six mois marque un précédent dans l’analyse des « fake news » et de leur impact politique, en contribuant à ajouter des éléments au corpus croissant de preuves que la désinformation a trouvé un foyer confortable et un pu-blic engagé sur Facebook ».
Facebook se défend d’être coupable
En France comme aux États-Unis, les prises de paroles de personnes réfractaires à la vaccination sont devenues virales dès le premier confinement sur Facebook. La plateforme a parfois agi et supprimé certaines de ces publications les plus extrêmes. Dans un effort pour repousser encore ces allégations selon lesquelles la désinformation serait un problème insoluble sur Facebook, la société a publié un «rapport de transparence» le mois dernier, qui présentait un classement des publications les plus vues sur la plateforme entre avril et juin 2021. Mais cette tentative n’a convaincu personne. Il y a deux semaines, le New York Times a révélé que Facebook avait d’abord abandonné son projet de publier un autre rapport, sur le premier trimestre, car le message le plus consulté entre janvier et mars 2021 était un article qui reliait à tort le vaccin à la mort d’un médecin.