La flambée des prix des carburants pousse tous les constructeurs à appliquer la maxime, plus que jamais d’actualité, selon laquelle « quand on n’a pas de pétrole, il faut avoir des idées ». Cette situation à haute tension préoccupe même les marques les plus prestigieuses. Bien sûr, les solutions avancées sont le plus généralement portées par la fée électricité, soit avec l’hybridation, soit avec l’électrification complète. Mais une alternative séduit de plus en plus le grand public : l’E85 ou bioéthanol. Renault, notamment à travers Dacia, en a fait un argument de vente, tout comme Ford avec sa gamme FlexFuel. L’avantage est ici de profiter d’un prix à la pompe inférieur à 1 € le litre, soit près de 70 % de réduction par rapport à l’essence classique, tout en échappant aux différents malus. En contrepartie, la consommation est plus importante et il faut disposer d’un bloc-moteur possédant des injecteurs, soupapes, Durit et réservoir adaptés au débit et au caractère abrasif plus important de ce carburant. Il faut aussi un calculateur qui puisse s’ajuster au taux de biocarburant, évidemment variable en fonction des ravitaillements. C’est le cas du Range Rover Evoque qui s’avance en version FlexFuel.
Le chaud et le froid
La formule a de quoi séduire. L’abattement de 40 % de CO2 autorisé par l’État lors du calcul des émissions d’un modèle fonctionnant à l’E85 permet de faire passer le taux retenu de 199 à 121 g/km. Par la magie des circonvolutions administratives, l’Evoque ainsi doté parvient à échapper au malus 2022 qui s’élevait à 6 300 € sur la déclinaison essence originelle. Attention tout de même, le SUV, pesant près de 2 t, est touché par la taxe sur le poids, qui flirte avec les 1 200 € selon les options retenues. Ce surpoids se ressent d’ailleurs dans sa consommation. En ville, le valeureux 4-cylindres essence 200 ch (320 Nm de couple) avale goulûment plus de 14 l / 100km et il est très difficile de faire descendre son appétit en dessous des 12 l / 100 km. Il faudra passer souvent à la pompe, malgré les 7 l du réservoir. Quoi qu’il en soit, l’avantage économique est toujours en faveur de cette solution.
La conduite urbaine n’est pas le fort de l’Evoque. Certes, sa longueur contenue (4,37 m) lui permet d’évoluer avec une certaine aisance, mais sa largeur démesurée (2 m) ne facilite pas la tâche de ses propriétaires. La transmission automatique ZF à neuf rapports n’est, en outre, pas très à l’aise à bas régime.
C’est à l’extérieur des cités que le SUV anglais montre sa vraie valeur, avec un comportement de routier irréprochable et, surtout, un confort à toute épreuve. À l’intérieur, la proposition est d’un luxe absolu. Le double écran tactile et l’instrumentation entièrement numérique renforcent la modernité d’un habitacle qui associe à la perfection classicisme et hautes technologies. Caméras omniprésentes, rétroviseur vidéo, intelligence artificielle, conduite semi-autonome et affichage tête haute font partie des innombrables assistances et dispositifs ultramodernes.
L’Evoque FlexFuel ne brade pas ses bonnes prestations. Vendu à partir de 46 820 €, le SUV britannique voit ses prix s’envoler dès que l’on joue avec le configurateur : comptez
60 000 € pour une version bien lotie…
Pour un modèle aux prétentions économiques, l’addition est vite salée.