C’est en installant des logiciels et des équipements chez des imprimeurs que Patrick Moessner s’est lancé dans le métier en 1999. « Jusqu’en 2006, j’étais formateur sur des logiciels, l’informatique et l’impression cohabitaient dans l’entreprise », se souvient-il. Selon lui, il y avait six imprimeurs à Haguenau à cette période ; aujourd’hui, Impressions François est le dernier. « Historiquement, plus de 80% des imprimeurs ont fermé en France quand les mastodontes se sont installés, à notre détriment. D’un métier artistique, puisqu’on parlait d’arts graphiques, rappelle-t-il, on est passé à l’industrie graphique. » Et par là même, les machines ont commencé à produire « vingt fois plus qu’il y a 25 ans ».
Or renouveler un parc pour suivre la demande et l’évolution des techniques est « un investissement pas facile, entre 600 000 et 2 millions d’€ par machine ». Face à la concurrence, Impressions François se recentre alors sur des commandes urgentes ou spécifiques : « Des formats 10×21, ça se trouve partout, mais 9×20 c’est chez nous ! On est aussi en train d’imprimer des flyers à livrer demain, ce serait impossible sur internet. » Il pointe aussi les compétences de son épouse et co-gérante, Annie, ainsi que Cathy, à la relation clientèle, « elles contrôlent et normalisent tous les fichiers », un service clé en main. Quant à Christophe, le technicien, c’est « une machine de guerre » d’après son patron, capable de s’adapter à toutes les demandes.
Sauvegarder le travail local
Alors que des cartes postales pour une enseigne de grande distribution sont en cours d’impression et que les plaques de vingt cartes se suivent dans l’impressionnante presse, Impressions François fait aussi des calendriers, bâches, dépliants, autocollants ou affiches. Pour sauvegarder « le travail local », Patrick a formé bon nombre de jeunes et recherché un repreneur, mais « les gamins sont obnubilés par le web, alors que nous avons 10 à 20 ans de retard en France », souffle-t-il. À 63 ans, s’il a « du mal à passer le flambeau », l’avenir consiste à regrouper son activité et ses salariés avec l’imprimeur Parmentier à La Wantzenau. Et, « pour le côté contact » qu’il regrettera, il songe à redevenir formateur.
L’info en plus
Les plaques d’encre sont insérées dans un ordre précis : noire puis bleue, rouge et jaune. « Quand on intervertit les couleurs, ça donne n’importe quoi », sourit Christophe, l’imprimeur, en soulevant un carton imprimé aux teintes marron !