J’étais attendu. Pas tout à fait en retard, mais pas en avance non plus, temps de trouver le parking, l’accueil, et le départ. Ils ont tous des crampons stabilisés, mais pour moi, ce sera des baskets, vu que les moulés sont interdits pour ne pas abîmer les greens. Mes partenaires : Geoffroy, JP et Thao, tous membres du Racing Club de Strasbourg. « On appartient à l’omnisport, ça permet d’avoir une structure et le logo », précise le « Prési », Geoffroy Domenech, alors qu’on vient d’attaquer le parcours.
Premier conseil : pensez à faire un petit échauffement. Le drapeau est à 140 mètres, et on commence par frapper une longue transversale. Du coup, ça tire un peu sur l’adducteur. Mais ça va. Le sport n’a été codifié qu’il y a une dizaine d’années et il s’adresse quand même essentiellement à des joueurs de foot. « C’est sûr que tu ne vas pas apprendre à frapper dans une balle », rigole le petit gaucher, JP. Lui, il a joué la majeure partie de sa carrière en Excellence. Sa technique : enrouler avec le pied gauche. « Si tu frappes par en dessous, il n’y a pas le même effet, et le ballon va aller moins loin. »
Je note.
Puissance, précision, tactique
Geoffroy pointe également les ballons qu’il utilise (dont celui qu’il me prête pour l’occasion) : « On prend des ballons de 2006, 2008, ils sont beaucoup plus lisses que ceux d’aujourd’hui, qui ont des petits picots. Du coup, t’as moins de frottement, ça roule mieux. » Parce que l’enjeu, je le comprends vite, c’est de s’approcher vite et bien pour réussir le par, ou moins.
3e trou, mon corps part en arrière, je dévisse complètement, ma balle termine dans les buissons. « Ça va, c’est pas catastrophique, tu peux t’en sortir », me glisse gentiment Geoffroy, toujours prêt à donner des petits conseils et des petits encouragements. Sans élan, j’arrive à me rapprocher, mais je perds quand même un coup dans l’histoire.
Les trous s’enchaînent, c’est paisible. Autour de nous, d’autres footgolfeurs, du Racing, mais aussi de Soufflenheim avec leur maillot caractéristique blanc avec une bande rouge en diagonale. On se chambre à distance. Tout le monde se connaît. « On est à peu près une centaine de licenciés en Alsace », ajoute le Prési. Ce soir, il y a environ 25 joueurs. C’est pas mal vu qu’on est déjà au mois de juillet. Le lundi précédent, ils étaient 75 !
Grand moment de satisfaction
On arrive à mi-parcours, et je tape mon plus beau coup de la soirée. Après une approche bien maîtrisée, j’arrive à rentrer la balle sur un « putt » assez long en montée. Dosage parfait. Les autres applaudissent. Ça fait plaisir. En 9 trous, je suis à +7. C’est pas dingue, mais Thao, après des galères pour sortir d’un bunker est à +5. Geoffroy et JP sont à -4 et +1.
Le réflexe du footballeur, sur une longue distance, c’est de frapper tout droit, et fort. Mais je comprends aussi qu’il y a parfois plus intérêt à prendre l’intérieur du pied pour contourner le rough et réellement faire rouler sa balle sur le fairway. Il y a facilement 10 mètres de plus à l’arrivée. Mes efforts commencent à être récompensés.
Malheureusement, le trou n°12 va être fatal à ma remontada. L’approche était belle, mais alors que je joue pour le coup en 4, la balle fait la « virgule » (elle prend le bord avant de repartir) et reprend la pente ! Résultat, me revoilà à plusieurs mètres ! Finalement je perds trois coups…
Geoffroy, lui, est dans de bonnes dispositions. Le record du parcours est à -7, c’est Lionel Spenle qui le détient, et il commence à l’avoir dans son viseur. On attaque l’avant-dernier trou, il y a un petit étang sur la droite. Et un ragondin sur la gauche. Je vise le ragondin. La balle vient mourir à deux mètres de l’imperturbable animal, qui finit par s’éloigner mollement à mon arrivée pour le coup suivant.
Sur le 18, Geoffroy, toujours à -7, tente le tout pour le tout et prend un risque trop important en jouant trop la corde. Il termine dans les buissons (mais pas dans l’eau), et échoue dans sa quête du record. Quant à moi, je termine sur deux par et deux birdies (un coup en dessous du par). Score final : +15 en 18 trous, avec deux, trois coups de malchance.
Bilan : je me suis vraiment bien amusé ! Chacun dispute un peu sa compétition à lui, tout en se mesurant aux autres. Le cadre est calme, reposant, et puis, mine de rien, on a marché plus de quatre kilomètres.
On termine avec une bière, car n’oublions pas que dans Footgolf, il y a quand même Foot, et que la troisième mi-temps s’impose pour débriefer. « Je te prépare une licence ? » À réfléchir.