Je suis toujours très impressionné par ceux qui voyagent beaucoup professionnellement, je trouve ça très courageux.
Au départ c’est un choix, puis c’est une habitude à prendre. Il est vrai que la France n’est pas un pays de pionniers ; ce n’est pas une critique, c’est comme cela, on est attaché à sa terre, à son territoire, à l’endroit où l’on vit, mais après, la nécessité fait loi. Dans les métiers que j’ai exercés, la mobilité est une condition nécessaire. Il faut s’y plier ou faire autre chose. Vous ne pouvez pas être affecté au Quai D’Orsay et ne pas bouger, vous ne pouvez pas être sous-préfet et rester toujours dans la même ville. Dans le fait de bouger, il n’y a pas que des inconvénients, c’est plutôt sympathique. Quand on est en poste quelque part pendant trois ou quatre ans, sauf si l’on est un passager clandestin, on crée des liens. Bien sûr, on « lâche » toujours des amis, des lieux que l’on aime, mais d’un autre côté, cela permet de découvrir d’autres personnes, d’autres endroits.
Vous êtes content de revenir en Alsace ?
Je l’ai dit, alors on peut penser que c’est un peu de la courtoisie, j’ai vécu ici parmi les plus belles années de ma vie, sans doute parce que j’ai commandé une unité, dans une région où les gens sont sympas, où l’on mange plutôt bien ; en France, on n’est pas des pionniers, mais il y a le plaisir de la table. Cela me convient.
Quel est le rôle exact d’un sous-préfet ?
C’est le représentant de l’État dans l’arrondissement qui lui est confié. Je représente le préfet sur l’arrondissement de Haguenau/Wissembourg. Une fois que l’on a dit ça, on n’a pas dit grand-chose.
Alors, pour être précis, le sous-préfet assure le contrôle de la légalité des choses, les actes pris par les collectivités et la réglementation. Il coordonne la sécurité publique, il a un rôle de facilitateur, le but c’est de faire en sorte que les choses avancent, dans le monde économique par exemple, et dans l’intérêt de tous, car notre métier c’est l’intérêt général. Le représentant de l’État a l’avantage de coordonner un certain nombre de services, il a la capacité de mettre tout le monde autour de la table, et d’impulser les choses.
Pour cette chronique, je vous ai demandé de choisir un objet…
J’ai choisi un santon, un livreur de pain. Il me plaît parce que le pain est très symbolique. J’ai souvent dit, en riant, que l’on peut avoir les plus beaux outils, les plus beaux objets du monde, on ne va pas très loin sans l’agriculture, il nous reste la cueillette et la chasse, et pour les mauvais tireurs cela risque d’être très difficile. J’ai beaucoup de sympathie pour le livreur de pain, vous savez, ceux qui livrent, de maison en maison, de ferme en ferme, à la campagne. Dans les territoires ruraux, il y a le facteur et le livreur de pain, ils créent du lien. Ce sont mes enfants qui m’ont offert ce santon provençal. Depuis quelques années, il est toujours sur mon bureau.