Du cheval j’en ai fait, longtemps, j’ai même passé des galops (j’ai mon flocon en ski aussi, bravo Lucie !), mais à cette époque j’étais haute comme trois pommes et quand, lors de concours de sauts d’obstacles on me demandait de prendre à gauche, je partais souvent du mauvais côté « le numéro 18, c’est l’autre gauche ! », oups, va falloir contrebraquer l’animal et reconnaître la main qui écrit. Alors forcément, après toutes ses années loin des dadas, je n’étais pas très rassurée !
À mon arrivée sur le ranch Cheval Alsace, je tombe nez à nez avec un couple, l’amoureux est aussi stressé que moi, il n’en a jamais fait. Sa compagne, elle, a déjà participé à une randonnée il y a quelques semaines « mais il pleuvait à verse, c’était l’horreur », bon, nous avons de la chance, ici le soleil est au rendez-vous. Pendant que le jeune homme et moi-même échafaudons des histoires à dormir debout sur tout ce que les bourriques pourraient nous faire subir, l’un des moniteurs débarque, il y a des documents à signer et une bombe à enfiler. « C’est pour la décharge en cas d’accident et de don d’organes c’est ça ? », lui lance mon acolyte d’anxiété, ça promet !
Entre-temps deux autres couples nous ont rejoints, je sens que je vais tenir la chandelle, mais je ne voulais pas de témoins en cas de gadin ! La seconde monitrice nous appelle, elle a placé les animaux dans la cour et nous charge de les brosser et de chercher selle, licol &co pour les équiper. Bon, je dis chevaux, mais c’est plutôt grand poney, désolée Baquero – ma monture à la robe brune et blanche du jour – t’étais sacrément mignon, mais pas très haut, ce qui m’a plutôt arrangé quand il a fallu monter sur ton dos! C’est sympa de devoir passer par cette étape, ça permet de prendre conscience qu’un cheval n’est pas qu’une monture, il y a tout un travail à faire en amont et ça, ce n’est qu’un aperçu ! D’ailleurs, certains ont eu plus de mal avec cette notion que d’autres, une des jeunes femmes prend un air dégoûté lorsque son canasson laisse derrière lui de quoi étoffer le tas de fumier pendant que son compagnon, à peine en selle, sort son smartphone pour tout filmer… Après quelques mètres sur son étalon miniature, cette lumineuse idée l’a presque fait tomber, le poney, mal dirigé, avait préféré s’improviser un galop sur quelques mètres !
Dans la forêt nous doublons quelques randonneurs à pied, puis tentons un petit trot sur fond de chants d’oiseaux. « C’est si reposant, il n’y a qu’à profiter », (et ne pas oublier de bien tenir les rênes). Je lance à nos guides qu’ils ont trouvé le job rêvé, ils acquiescent. Un chevreuil passe sous notre nez, mon fidèle destrier ne frémit pas, il a l’habitude. Nous profitons d’une bonne heure de promenade avant de revenir au paddock et libérer de leurs sangles nos équidés, il est temps pour eux d’aller manger, une récompense bien méritée !