La vie est parfois curieuse. Comment une jeune fille de 8-9 ans, qui rêve de faire du foot, se retrouve à jouer au hockey sur glace alors que personne de son entourage n’y a même jamais jeté un œil ? Emma Nonnenmacher, alors avec l’équipe de France U18 pour un match de championnat du monde contre les Allemandes à Füssen (Bavière), nous a raconté le début de l’aventure.
« C’était en 2013 et il y avait le mondial féminin à Strasbourg. À l’école, on a vu des affiches, et on a regardé un match avec le prof de sport. J’ai participé aux initiations et ça m’a attirée… » Lucie et Matthieu, les parents, aussi en Allemagne, n’ont pu que constater que pour Emma, faire du hockey, « c’était une évidence. Elle avait à peine fait un peu de patin avant ça, on va dire qu’elle tenait debout quoi ! »
Une progression par étape
On laisse tomber les crampons pour un autre type d’équipement que papy Denis – très fier de sa petite-fille – a tôt fait d’acheter. L’équipement, la dimension physique, mais aussi la technique, c’est tout cela qui a plu à Emma, qui va alors se donner à fond. « J’ai eu la chance d’avoir de bons entraîneurs à Strasbourg. Je partais de loin, et au lieu de me mettre avec ceux de mon année, les 2004, qui étaient déjà forts, ils m’ont mis avec les 2007. On a fait étape par étape. Je m’entraînais aussi de mon côté à faire du maniement avec une balle en dehors de la glace, et petit à petit j’ai progressé. » Tout simplement. Sans se précipiter, mais avec un talent évident qui l’amène rapidement en équipe de France U16 puis en surclassement U18 où elle est toujours, à seulement 15 ans.
« Elle sait ce qu’elle veut »
Depuis sa chambre, au lendemain d’une défaite 6-0 contre les Allemandes, donc, Emma reconnaît prendre du plaisir dans ce sport et se verrait bien faire une jolie petite carrière. Le hockey sur glace, féminin de surcroît, n’étant pas le football, y compris féminin, la petite Haguenovienne d’origine réfléchit déjà à la trajectoire à adopter : « En France, on ne gagne pas sa vie, c’est clair. À l’étranger, il y a quelques possibilités, mais c’est compliqué, à moins d’être vraiment une star. Après… Pourquoi pas l’Amérique hein ! » Et en guise d’étape sur cette route prestigieuse, Emma Nonnenmacher a même déjà coché les JO de Pékin en 2022 sur son roadbook ! Un peu tôt non ? « C’est sûr que les places sont très chères actuellement. En tout cas, après 2022, il y a beaucoup de joueuses âgées qui vont sûrement arrêter, donc faudra au moins être présente pour viser 2026. » Voilà qui paraît plus raisonnable, mais après tout, qui aurait parié qu’en six ans seulement on pouvait passer du statut de débutante complète à celui d’internationale surclassée ?
Autre question : et à part le hockey sur glace, on fait quoi ? « Je ne sais pas trop encore. Je vais sûrement m’orienter vers STAPS pour faire de la nutrition… Quelque chose autour du sport en tout cas. » Des réponses à étudier bien plus tard, parce que comme l’ont soufflé Lucie et Matthieu, « Emma sait ce qu’elle veut, et elle veut y arriver ».