Les angoisses injustifiées, le dégoût de soi, le sentiment de vacuité… et maintenant la covid. La crise sanitaire s’acharne bêtement sur ceux qui souffrent déjà d’anxiété chronique et de dépression. Certaines catégories sociales en font particulièrement les frais : c’est le cas des étudiants, conscients d’être les victimes d’une perte de repères profonde, à l’aune d’une crise économique, politique et environnementale — quelque chose d’intimement lié à leur génération. À vingt-quatre ans, les deux amis, tous deux de la région, ont décidé de combattre cette fatalité, de mener leur guerre à la grande dépression.
Un coup d’état dans l’édition
Les deux acolytes ont fondé le Brumaire Club afin de s’affranchir des circuits classiques de l’édition. Une autodétermination « voulue » et « nécessaire » pour les deux Sarregueminois, alors en mal d’une structure pour porter leur voix. Jean Lett raconte :
Quand j’ai commencé à écrire, vers mes seize ans, le sujet de la dépression était loin d’être une évidence. J’avais déjà une sorte de mal être… mais c’est seulement avec le temps que j’ai compris que ce sentiment pouvait devenir un matériau de réflexion, et même artistique. Malheureusement, c’est compliqué de faire publier des choses aussi intimes et inaccessibles. Personne ne pouvait le faire à notre place. Cette maison d’édition, c’est une manière de structurer cette idée : de rendre visible la dépression pour la dénoncer.
Une croisade contre la maladie
Le Pape de la Médiocrité — dont le tome 2 devrait bientôt sortir — est le fruit d’une collaboration complète entre l’écrivain et l’illustrateur. Le premier à la trame, le second à la communication, à la production et à la mise en page (colorisation, maquette). Prochaine sortie prévue : une pièce de théâtre illustrée, toujours sur le même thème. Si vous souhaitez vous procurer l’un des derniers numéros du premier tome, rendez-vous sur www.brumaireclub.com.