vendredi 22 novembre 2024
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Duathlon – Champion du monde, tout simplement

Nathan Guerbeur, 25 ans, est originaire de Truchtersheim, où sa maison d’enfance jouxte le terrain de foot. S’il a vite tapé dans un ballon, c’est dans une discipline plus individuelle qu’il a pris plus de plaisir et mis au jour son potentiel d’exception : le duathlon. Derrière l’athlète titré en Espagne le 6 novembre se cache aussi une tête bien pleine, celle d’une graine d’ingénieur, diplômé. Découverte d’un sport et d’un sportif hors norme.

Maxi Flash : Nathan, d’où est venue cette passion pour le duathlon ?

Nathan Guerbeur : J’ai fait du foot jusqu’à la fin du collège, et je faisais un peu de triathlon comme ça parce que mon père en faisait en amateur. Quand j’ai eu envie de faire quelque chose de plus individuel, j’ai un peu poussé, et comme il y a peu de densité, c’est un sport peu connu, tu fais vite des podiums. Et ça donne envie d’en faire d’autres… Après le collège, je ne gagnais plus, et j’ai compris que je ne pouvais pas continuer le foot, il fallait faire un choix pour être au niveau en duathlon.

Tu dirais que ta progression a été fulgurante, progressive…

Quand j’ai démarré, en Cadet 2, je fais 40e aux championnats de France… C’est à partir des Juniors que j’ai beaucoup progressé, en signant à l’ASPTT Strasbourg. On a démarré en D3, et on est monté deux années de suite pour atteindre l’élite. Il y avait une dynamique de groupe, et en individuel, je faisais déjà des podiums. En 2016, je suis encore Espoir et je gagne une manche de D1. Il faut savoir que la D1 française, c’est le championnat le plus relevé d’Europe, il y a des étrangers qui viennent courir, qui faisaient des championnats du monde… En 2017, j’ai ma première sélection en équipe de France, pour les championnats d’Europe, et après j’ai voulu aller plus loin sur le triathlon qui est la discipline phare de notre fédération. J’ai essayé deux ans, mais je suis revenu au duathlon. Et là c’était seulement ma 2e sélection, la première en championnat du monde…

©DR

Et ça fait victoire ! Tu connaissais un peu le plateau et les adversaires, mais il fallait répondre présent le jour J…

Dans nos sports, comme en athlé, il faut être bon ce jour-là, pas la veille, pas le lendemain ! On génère beaucoup de fatigue sur les entraînements, et c’est dur d’avoir un pic de forme au bon moment. J’avais décidé de marquer une petite pause cet été, parce que ces Mondiaux étaient très tard dans la saison. Là je ressens un vrai besoin de souffler. Ça fait cinq ans que je m’entraîne seul. Je fais un mix de tout ce que j’ai vu. Les philosophies sont souvent assez radicales, je prends ce qui me va le mieux. Le plus important c’est d’être à l’écoute de son ressenti, physique comme psychologique.

À côté de cette carrière sportive, tu as fait des études ?

Je n’ai jamais arrêté. J’ai fait une prépa, et j’ai intégré l’ECAM, une école d’ingénieur basée à Schiltigheim, parce qu’elle me permettait de concilier sport et études, même si ç’a été très dur par moment. Ça m’a valu une mononucléose la première année, parce que je n’écoutais pas mon corps. J’ai mis quatre mois à m’en remettre. Maintenant, je suis diplômé, et je cherche du travail parce que c’est compliqué de vivre de mon sport, je ne suis pas footballeur ! L’idéal serait de trouver une entreprise avec un mi-temps et qui soutienne mon projet sportif. Et je ne peux pas faire que du sport, j’ai un manque intellectuellement.

Les valeurs et les qualités d’un sportif de haut niveau, ça devrait plaire !

On me le dit souvent, mais on ne me propose rien ! (rires)


Le scénario de la victoire

Pour ce championnat du monde à Avilès, en Espagne, les concurrents devaient réaliser 10km à pied, puis 40km à vélo, et à nouveau 5km à pied. Dans une échappée à 6 (3 Belges, 2 Français, un Marocain) sur la partie cycliste, Nathan parvient à prendre la roue d’un Belge, empêchant les autres de suivre. Les deux hommes basculent avec 15 secondes d’avance avant le dernier run. Nathan, particulièrement à l’aise sur la course à pied va réussir à se détacher et échapper au retour de… Maxime Hueber Moosbrugger, un autre Alsacien !

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