Comment a commencé votre carrière de réalisatrice ?
Tout a commencé par une formation, à 40 ans, après des années à la radio NRJ. J’ai décidé de faire une formation professionnelle à la Sorbonne en audiovisuel. Après cela, j’ai beaucoup travaillé avec Michel Field sur des magazines littéraires, puis sur des émissions de divertissement. Un jour, je suis devenue productrice.
À force de produire les autres, je me suis dit que ce serait sympa de faire un documentaire. Alors je l’ai fait, sur Bartholdi. Je l’ai proposé à la chaîne Histoire. Comme beaucoup de Colmariennes, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas tout sur ce personnage historique, dont le nom de l’œuvre a dépassé le nom de l’auteur. Le documentaire, c’est une écriture plus simple, qui est plutôt dans la transmission.
Vous avez aussi réalisé des documentaires sur Joséphine Baker, Olympe de Gouges, la chasse aux sorcières… Les femmes dans l’histoire, c’est votre thème de prédilection ?
Oui, exactement. D’abord parce que j’en suis une, de femme. Et puis parce que les femmes ont souvent été ignorées dans l’histoire. Ensuite, ce sont aussi des artistes, des personnes engagées. Et il s’avère que dans les personnes engagées, quel que soit leur type d’engagement, j’ai une fascination pour les femmes parce qu’être femme et engagée, ça mérite d’être signalé. Olympe de Gouges, c’est le summum de l’engagement pour une femme à mes yeux !

Et vous n’abandonnez pas le thème des femmes puisque votre prochain documentaire porte sur le magazine ELLE, à l’occasion de ses 80 ans.
Oui. Il s’intitule ELLE et nous, 80 ans d’émancipation. Il va parler de l’histoire du magazine. C’est relativement rare qu’un tel média existe depuis 80 ans, d’autant plus un hebdomadaire. C’est un exploit pour un magazine féminin. Donc je trouvais déjà ça intéressant. Et puis l’histoire elle-même du magazine, et qui l’a créé : Hélène Gordon-Lazareff.
Pour le coup, c’est aussi une femme exceptionnelle, avec Françoise Giroud. Pour les femmes de ma génération, cette dernière représente quelque chose. Françoise Giroud a quand même été la première secrétaire d’État à la condition féminine. En résumé, j’ai voulu comprendre pourquoi ce magazine a une si longue vie. Il y en a plein d’autres qui ont existé, qui ont périclité et qui n’existent plus. Celui-là, ça fait 80 ans. Pourquoi ?
En voilà une bonne question. Pourquoi ?
Je pense sincèrement que c’est parce qu’il accompagne l’émancipation des femmes. Je me suis rendu compte que dès ses premiers numéros, le ELLE va appeler les femmes à voter, expliquer qui se présente aux élections. Ce travail d’émancipation passe par le vote, puis par la contraception, l’IVG, jusqu’au mariage pour toutes.
Pour moi, ELLE, c’est plus qu’un magazine de mode, c’est un magazine qui a accompagné les femmes dans leur indépendance sur tous les sujets. De comment bien faire l’amour à votre mari, on est passé à la masturbation. Idem sur les fiches cuisine. Au départ, elles sont là pour apprendre à faire des plats de 2 heures, car la femme est au foyer et doit faire plaisir à son mari. À partir des années 1980, les femmes travaillent, donc la fiche change avec des recettes plus rapides, du surgelé. Et après, on va avoir une cuisine plus centrée sur le bien-être. Ce magazine est un véritable miroir de la société française et du rôle des femmes.

Qu’avez-vous envie de dire aux lecteurs et lectrices de Maxi Flash pour leur donner envie de regarder ce documentaire ?
Je veux leur dire que dans ce film, il y a des lectrices qui témoignent. J’ai une Colmarienne, Virginie. Une Mulhousienne, Louise. Et une Strasbourgeoise, Barbara. Vivant à Colmar, j’étais très contente du témoignage de Virginie qui représente parfaitement la Colmarienne qui lit ELLE. À chaque fois que je fais un documentaire, je suis contente de montrer Colmar. C’est ma façon à moi de faire rayonner la ville.
L’info en plus
C’est la mannequin iconique Inès de la Fressange qui prête sa voix pour le documentaire ELLE et nous, 80 ans d’émancipation.


