Pour lui, c’est une revanche. » La phrase est courte, mais elle résume tout du parcours de Gaëtan Weissbeck. Et qui mieux que son pote Anthony Caci pour en parler ? « Au Racing, on ne lui avait pas donné sa chance, comme moi j’ai pu l’avoir. Mais même en repartant en CFA2 (aujourd’hui N3, ndr), il n’a jamais rien lâché. » L’autre Anthony du Racing, Gonçalves, se souvient d’un « super mec. Quand j’ai appris qu’il avait signé à Sochaux, je lui ai envoyé un petit message pour le féliciter. »
François Keller, le directeur du centre de formation du Racing, est lui aussi heureux de voir qu’un de ses anciens espoirs va finalement passer le cap. Il se souvient parfaitement de ce joueur « passionné et travailleur. Le premier à arriver, le dernier à partir. Quand il vient, c’est pour apprendre quelque chose. On a pris une décision douloureuse à l’époque, mais c’était au moment de la montée en Ligue 1 et on a estimé que la marche était un peu trop haute pour lui. De la même génération, on a choisi de faire monter Anthony Caci, mais je peux vous assurer que tout le monde ici est très heureux pour Gaëtan. Et je le dis souvent aux gamins du centre, le parcours est rarement linéaire pour réussir. »
Mais comment après avoir échoué à passer pro avec le Racing, le gamin de Wissembourg a-t-il pu taper dans l’œil du FCSM ? En Nationale 3, on peut vite disparaître des écrans radars, et faire une croix sur une carrière pourtant prometteuse. Avec 17 buts et 10 passes décisives – et une montée en N2 – avec Haguenau, le club de ses débuts, Gaëtan rappelle que balle au pied, il sait y faire. Sans compter cette prestation très aboutie en coupe de France contre… Sochaux.
« Je me considère plus comme un milieu relayeur, mais on m’a utilisé comme ‘10’ », souligne Gaëtan Weissbeck. « Je dois beaucoup à Haguenau qui m’a relancé. J’aurais pu aller en D4 allemande, mais ils ont su trouver les bons mots pour me convaincre, et je ne le regrette pas. Quant à Sochaux, les contacts ont été établis en décembre, mais j’ai appris tardivement qu’en fait ils me suivent depuis un petit moment. »
Pas un centime pour le FRH
Les regrets, ils sont plutôt pour Haguenau. Weissbeck n’a pas signé de contrat fédéral mais une simple licence amateur. Du coup, si Sochaux a consenti a prêter le jeune milieu de 22 ans dans la foulée de sa signature, il ne doit absolument rien au FRH. Pas le moindre centime. Le coach Laurent Brengel avoue qu’on « a déjà vu plus classe de la part d’un club pro… Mais pour Gaëtan, c’est formidable. Il est encore jeune, mais c’est quelqu’un qui est hyper pro dans tout ce qu’il fait. Il comprend les tenants et les aboutissants du haut niveau et l’exigence qu’on doit avoir. Pour nous, c’est un vrai leader dans l’exemple qu’il montre. Il a cet instinct naturel, c’est un compétiteur. »
Fin janvier, Gaëtan Weissbeck est allé au stade Bonal passer sa visite médicale et signer son premier contrat professionnel. Il en a profité pour discuter avec le coach Omar Daf : « Sur ce mercato d’hiver, il voulait des joueurs plus expérimentés pour assurer le maintien en L2, mais il m’a dit qu’il comptait sur moi à la reprise cet été. À Sochaux, il y a un projet de long terme. S’ils m’ont fait signer trois ans et demi, c’est qu’ils ont envie de me voir réussir ! »
Attention toutefois, le niveau n’est plus le même. La concurrence, en Ligue 2, sera féroce. Les autres joueurs seront aussi des footballeurs à 100% avec une hygiène de vie impeccable, et une ambition autre que ce qu’il a déjà pu connaître, même si son expérience à Strasbourg lui servira. Question foot, il faudra se mettre au niveau d’un championnat « plus technique, plus tactique, mais pas forcément plus physique que la N2 », imagine Gaëtan. « En N2, ça va quand même pas mal au charbon ! » Laurent Brengel ajoute que « l’aspect psychologique aura aussi son importance. Et le facteur chance ! Parfois sur un coup de bol, une blessure, tu joues, tu prends ta chance, et tu restes dans l’équipe… » En gros la filière Caci. « C’est vrai qu’en début de saison, je ne partais pas titulaire », rappelle l’homme à tout faire du Racing. « J’ai saisi ma chance, j’ai joué à droite, à gauche, dans l’axe, et j’ai du temps de jeu. À lui d’en faire autant ! » Ce qui est certain, c’est que Gaëtan Weissbeck fera tout pour monter dans ce train qui siffle une deuxième fois. Laurent Brengel a en tout cas une certitude : « C’est une teigne, un bagarreur. » Caci : « Il ne va rien lâcher. » Keller : « Je n’ai aucun doute. »
Du côté de Bonal, on est prévenu, le petit Alsacien compte bien se faire une place.