lundi 15 septembre 2025
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Georges Ratkoff – Son Alsace Heureuse

Né à Paris en 1942, Georges Ratkoff a trouvé en Alsace sa terre d’adoption et sa plus belle source d’inspiration. Installé dans la vallée de Munster depuis 1999, l’aquarelliste virtuose capture les paysages colorés, les fêtes de village et tous les symboles de ce petit monde rural qu’il regarde « avec un grand sourire ». Des scènes pleines de tendresse, contant une vie douce, sans nostalgie stérile, mais pleine d’émotion. Son exposition L’Alsace Heureuse, à l’Écomusée d’Alsace, vient d’être prolongée jusqu’à la fin de l’année : une invitation à voir notre région à travers les yeux d’un grand amoureux.

Maxi Flash : Vous êtes né à Paris, mais c’est en Alsace que vous avez définitivement posé vos valises. Qu’est-ce qui vous a amené ici ?

George Ratkoff : Mon père avait été fait prisonnier pendant la guerre. À sa libération, des Alsaciens l’avaient aidé, et il voulait revenir dans cette région. Enfant, j’ai gardé le souvenir d’une grande bâtisse à Saverne. Je devais avoir 5 ans. Nous revenions souvent en vacances avec mes parents. Une tradition que j’ai perpétuée avec Monique, mon épouse. Nous faisions courir nos enfants dans les montagnes, avant qu’ils ne réclament le bord de la mer. Alors nous avons changé de cap vers la Bretagne pour les faire barboter pendant que je dessinais des bigoudènes et des bateaux à la place de mes petits Alsaciens (rires). Puis un jour, nous avons craqué pour une maison dans la vallée de Munster. Celle de Maurice Betz. C’était en 1999. Depuis, nous n’avons plus quitté l’Alsace.

Qu’est-ce qui vous a fait succomber à cette région d’adoption ?

La vallée de Munster, c’est le rêve pour un petit Parisien. À Paris, il fait chaud, froid, humide… Alors qu’ici, en Alsace, il y a de vraies saisons : les hivers enneigés, les printemps avec les amandiers en fleurs au Mandelberg, les automnes dorés dans les vignes… C’est fabuleux ! Pour moi, il y a deux régions exceptionnelles en France : l’Alsace et la Bretagne. Sur le port du Guilvinec, on voit l’infini. Il faut absolument aller au festival des Filets bleus de Concarneau, c’est fantastique !

Ces saisons alsaciennes ont-elles inspiré votre univers coloré ?

Oui, entre autres. Je glisse souvent dans mes aquarelles les cinq « C » qui symbolisent l’Alsace : les cigognes, les colombages, la coiffe, la choucroute et… le dernier m’échappe… peut-être le chéranium, comme on dit ici (rires) !

Les cartes postales Georges Ratkoff. / ©Écomusée d’Alsace
Vos aquarelles, toujours pleines de vie, sont devenues votre signature. Avez-vous exploré d’autres formes de peinture ?

Oui, j’ai fait beaucoup de peinture à l’huile. Je commençais à peindre à 4h du matin jusqu’à 6h30. Ensuite je réveillais ma petite famille, et la vie reprenait son cours normal… jusqu’au jour où j’ai voulu faire une exposition. Je me souviens de cette galeriste de la Seine Saint-Denis, qui voulait absolument ma Tour de Babel. Un tableau minuscule… il devait faire 20 cm de haut sur 15 de large, avec 150 personnages de 3 mm de haut, tous dessinés et peints. J’avais passé un temps infini dessus ! Je lui ai demandé combien on pourrait espérer en tirer. Verdict : 500 francs. Pour les 500 heures de travail ? C’était insensé… Alors je suis passé à l’aquarelle. C’était deux fois moins de temps pour créer, et tout aussi intense.

Une quinzaine de vos reproductions sont actuellement à découvrir à l’Écomusée d’Alsace. Quel message aimeriez-vous que les visiteurs retiennent de votre “Alsace Heureuse” ?

Du plaisir, tout simplement. Ce qui me touche le plus, c’est de voir des visiteurs émus aux larmes devant mes tableaux. Et vous savez quoi ? Ce sont les hommes qui pleurent le plus ! Des Alsaciens qui ont 50-60 ans… C’est invraisemblable, non ?

Vos œuvres dialoguent avec le décor du musée. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ça me fait drôle ! Dès ma première visite à l’Écomusée d’Alsace, j’ai senti que ce décor était fait pour moi. J’y ai trouvé beaucoup d’inspiration : la maison du potier bien sûr, et puis cette vieille calèche, que j’ai fait réapparaître dans une aquarelle à Scherwiller.

Les Alsaciennes et Alsaciens de Georges Ratkoff en croquis. / ©Écomusée d’Alsace
Vous avez 83 ans… ça fait combien de tableaux ?

Mon dernier porte le numéro 1740. Et encore, il y en a bien 200 peints en Bretagne dont je n’ai gardé aucune trace ! C’est un maire de Chartres qui m’avait convaincu de les photographier. À l’époque, j’avais fait une exposition dans la vieille ville, et il disait que c’étaient des « documents précieux ». Mieux, il m’avait envoyé un photographe qui a capturé tous mes tableaux, gratuitement. Depuis, j’ai pris l’habitude de tout conserver.

Et aujourd’hui, quel est votre lien avec vos pinceaux ?

J’ai toujours besoin de créer. Il fut un temps où je dessinais et peignais à l’aquarelle chaque après-midi. Depuis, ma santé m’a un peu rattrapé, mais j’espère pouvoir me remettre à peindre quotidiennement. C’est vital. Là, je viens de terminer un paysage imaginaire : un jardin avec des gamins ébahis, devant un sapin décoré de cadeaux.

Ces gamins, ce sont des Alsaciens ?

Évidemment ! Ce sera toujours l’Alsace, ça l’a toujours été..

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