Après un passage à vide inquiétant entre le milieu des années 2000 et le début des années 2010, la Civic a su renaître de ses cendres. Le secret du succès fut simple : proposer un véhicule fiable et peu gourmand à des tarifs abordables. Honda était tellement sûr de son fait que le constructeur japonais est allé jusqu’à garantir ses moteurs jusqu’à 1 million de kilomètres. La réception critique et publique fut sans appel. Le « H » s’est même payé le luxe de proposer une version radicale Type R, afin que sa Civic ne soit pas un modèle à vocation mondiale sans âme de plus.
À la surprise générale, la firme nipponne ne s’est pas reposée sur ses lauriers en 2017, comme c’est trop souvent le cas de nos jours quand est venu le temps d’offrir un nouveau souffle à une génération dorée. Un écran plat par-ci, une calandre plus agressive par-là, des optiques redessinées et l’affaire est emballée. Honda, au contraire, est repartie d’une page blanche, avec une plateforme totalement inédite. Là encore, les critiques positives fusèrent : présentant un caractère plus marqué, la Civic était parvenue à trouver le parfait équilibre entre fiabilité et performances. Inutile de dire que la Type R fut aussi du voyage.
Pile à l’heure pour le Salon de Genève, la compacte se fait une beauté et envoie sur les bords du Lac Léman sa meilleure représentante… la Type R évidemment !
Sur des braises
Entre la génération 2012 et l’actuelle, la Civic a pris de l’embonpoint. Le temps passé lui a été favorable. Ce qu’elle a gagné en habitabilité et en confort, la berline l’a toutefois perdu en dynamisme et en performances. Les puristes du label Type R n’ont d’ailleurs pas vu d’un bon œil l’évolution des courbes. Pour cette déclinaison sportive, les designers ont pris le parti de s’appuyer sur les forces de la plateforme, à savoir son châssis irréprochable et son excellent appui dynamique au lieu d’essayer d’aller contre ses penchants naturels. Oui, la Type R est polyvalente. Et ce n’est pas nécessairement une insulte pour une sportive !
Cette version a un caractère bien trempé, personne ne pourra lui retirer cela face à ses lignes hyperboliques, ses excroissances dignes d’un film de science-fiction, ses jantes démesurées (20 pouces), son imposant aileron ou encore ses inserts de carbone omniprésents. Le fauve sait aussi être sage quand il est l’heure de quitter les circuits pour retrouver les centres-villes saturés. La Japonaise a un temps été détentrice du record sur le célèbre anneau du Nürburgring en 7 minutes, 49 secondes et 19 centièmes, au nez et à la barbe de la Golf GTI Clubsport S et de la Seat Leon Cupra. Le bloc 2 l Turbo de 320 ch n’est pas étranger à cette réussite. Le plus gros du travail a porté sur la répartition des masses (65 % à l’avant, 35 % à l’arrière), sur le raffermissement de 40 % du châssis, sur les suspensions et sur le système multibras.
Le restylage qui se présente à Genève permet d’affiner tout cela, notamment au niveau du réglage des suspensions et de la vigueur du freinage. La mécanique générale ne change pas, mais le comportement se montre plus efficace. La Civic Type R accepte plus que jamais d’être poussée dans ses retranchements. Le 0 à 100 km/h est toujours avalé en 5,8 s. La boîte est rigoureuse, la direction précise et les trains plongent dans les virages avec une aisance vertigineuse, sans montrer le moindre signe de faiblesse. La sonorité du moteur a été retravaillée pour une immersion encore plus totale.
Pour une sportive de cette trempe, le tarif affiché 43 160 € ne semble pas excessif, surtout quand on sait que le malus représente 20 % du prix total… L’époque n’est plus aux sportives, mais la Type R entretient toujours la flamme.