« Je vais vous parler du temps de vos ancêtres, quand la forêt faisait peur, avec des loups, des bandits et…des sorcières ! », commence Denise, une ancienne enseignante qui guide un groupe d’enfants de 6 à 12 ans. À l’époque, aux 18e-19e siècles, « la vie en hiver, sans électricité, n’était pas aussi facile, et en plus, il fallait se protéger contre les esprits ».
À l’entrée de la bâtisse, une vis de sorcière est sculptée dans la poutre « contre les incendies » ; à l’intérieur, un nid d’hirondelles, qui, elles, portaient bonheur ou encore « des 8 au plafond, signe d’infinitude, d’éternité ». Même la porte de la cave arbore « une gravure de soleil irradiant, c’est-à-dire de la vie, pour garder les aliments et tout ce qui était produit durant l’été ».
Trop près du diable
Mais il arrivait qu’un jambon pourrisse… « Les gens pensaient que c’était une sorcière qui gâtait la viande, alors ils condamnaient les fenêtres », poursuit Denise avant de renchérir : « On ne mangeait pas les pommes de terre à l’époque car elles poussaient trop près du diable ! » Mais quand un enfant criait famine, les mères les en nourrissaient puis étaient punies par le bûcher…
Toutes les pièces de la maison alsacienne sont visitées une à une, avec leurs anecdotes liées au linge, aux instruments de musique ou au couchage, et une douce odeur d’ancien flotte entre la cuisine et les différentes stubs. Mais il est temps d
e fabriquer une poupée végétale « pour éloigner les mauvais esprits du jardin » : armés de foin et de branches de sapin qu’ils attachent autour d’un bâton et coiffent d’un fichu, les enfants raniment les croyances de leurs ancêtres le temps d’un après-midi.
À l’étage, l’exposition temporaire sur les sorcières en Alsace a été prêtée par le collectionneur d’objets religieux et ésotériques Raymond Heidinger, et par les ateliers de la Seigneurie d’Andlau. Les nombreux panneaux abordent des questions comme « Pourquoi les femmes ? », « Les principales légendes », « Les plantes magiques », et des exemples locaux comme « Les sorcières de Sélestat ». Des représentations d’artistes sont également visibles et une conférence de Gérard Leser aura lieu le 6 mars.