430 habitants qui s’apparentent de plus en plus à un village d’irréductibles footballeurs du dimanche. Les camps alentour ont beau envoyer leurs meilleurs hommes, rien n’y fait, Schillersdorf ne tombe pas. Tout au plus, l’ASS va-t-elle concéder un match nul. Deux cette saison, pour neuf victoires (au moment d’écrire). Le secrétaire historique Éric Jacky est évidemment aux anges. Il se souvient que son club de cœur a, par deux fois, été coulé par le fond. Cette fois, il se relève comme jamais. « On jouait en D1 (actuel District 3), c’était le maximum dans l’Histoire du club, et puis 12 joueurs sont partis… On a dû se mettre en non-activité… ç’a été très dur. On a repris, et on vient de faire deux montées de suite, et la 3e se profile plutôt bien puisqu’on a huit points d’avance à la trêve ».
Par quel miracle Schillersdorf a réussi à se reconstruire aussi vite ? C’est le fiston, Mathieu, qui a pris les choses en main, en rameutant tous ses anciens potes. « Il a joué en DH à Obermodern », raconte Éric. « Le groupe s’est reconstitué avec des copains qui jouaient en poussins à l’époque. Il y en a deux, trois, qui ont connu l’Excellence, d’autres sont venus s’ajouter… C’est sûr qu’on est au-dessus. Les matchs, faut les jouer, il y a des adversaires, mais on est au-dessus… »
Argent ? Quel argent ?
Petit club, petits moyens, n’imaginez pas un instant que les primes de match font quoi que ce soit. Éric en rigole : « Ah non aucune prime de match ! Et le jeudi soir les joueurs payent leur repas. On a un cuisinier bénévole qui vient, et le prix de revient, ça fait 4€ par joueur. » Les conditions sont spartiates, avec un terrain qu’on essaye de préserver au maximum, un demi-terrain d’entraînement, et une buvette un brin exiguë. « Avec les nouveaux, certains sont descendus en équipe II, mais ils gardent le même esprit. Le jeudi soir, ils sont 25 à rester manger, on est vraiment limite (rires) ! »
Si vous faites le bon calcul, vous savez que l’équipe est désormais leader de District 3. Une montée en District 2 serait donc tout à fait historique pour un club qui ne veut pas voir trop loin. « Disons que la D2 ça va encore, mais après on ne sera plus en conformité », souligne le secrétaire du club. « Les joueurs se fixent comme objectif de monter tant qu’ils peuvent, mais après, les déplacements, c’est autre chose… Et même, ce n’est pas viable. On a un stade aux normes minimales, avec la route d’un côté et un pré qui ne nous appartient pas de l’autre. »
Conclusion : les possibilités d’évolution du club sont assez limitées. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de ces clubs de patelin qu’on aime vous présenter. Pas de chichi, pas d’argent, mais du plaisir et des copains. Le club qui a quand même consenti un effort de 8000€ pour faire refaire le terrain par Hege, le spécialiste de Wissembourg. De quoi faciliter la tâche de son goleador Kevin Reutenauer, auteur « d’une cinquantaine de buts » (à peu près). De quoi également attiré un peu plus de spectateurs, « une cinquantaine par match ». Et de quoi permettre – aussi – à l’équipe II de poursuivre sa série d’invincibilités, « une trentaine de matchs ». Au fond, à Schillersdorf, les chiffres, ça ne compte pas vraiment.