Avant d’avoir de grandes velléités d’autonomie, l’automobile a longtemps regardé d’un œil distant les nouvelles technologies. À la fin des années 2000, alors que le monde découvrait les smartphones et toutes les fonctionnalités multimédias dont ils étaient porteurs, les voitures restaient, par exemple, fidèles à leur bon vieux poste radiocassette. En dehors de la tendance très conservatrice qui a toujours caractérisé l’industrie, c’est la méfiance des constructeurs envers ceux qui allaient devenir les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon, etc.) qui explique cette position en retrait. En ouvrant leurs habitacles aux géants du Net, les grandes marques automobiles craignaient, sans doute à juste titre, de se voir dépossédées de leur pré carré. Les ambitions de Google, avec sa Google Car, ou d’Apple, qui a toujours dans ses cartons une voiture à la Pomme, ainsi que la naissance de Tesla ne leur ont pas, depuis, donné tort.
Aujourd’hui, le mariage entre l’automobile est les nouvelles technologies est consommé. Pas un modèle, même d’entrée de gamme, qui ne sorte sans sa compatibilité Apple CarPlay ou Android Auto. Les vaisseaux amiraux des grandes marques premium sont des vitrines technologiques : chargeur à induction, analyse de l’itinéraire en temps réel avec adaptation du style de conduite en fonction du trajet afin d’optimiser les consommations, système multimédia, hub 4G, etc. Sans oublier, bien sûr, la multitude de capteurs qui bardent déjà nos voitures en attendant l’avènement de l’automobile autonome.
L’avenir, comme entrevu au CES de Las Vegas cette année, ne prévoit aucune inflexion de cette grande tendance de fond. Le développement de l’internet des objets (IOTA) et celui des villes intelligentes vont renforcer cette fusion entre nouvelles technologies et automobile : les voitures communiqueront entre elles ou avec les dispositifs de voirie (feu, radars, panneaux, etc.) pour toujours plus d’optimisation des déplacements.
Empreinte digitale et clef numérique
Avant de prendre totalement ses distances avec son conducteur, l’automobile semble pour le moment s’enticher de biométrie. La prochaine Hyundai Santa Fe, présentée à Las Vegas, sera ainsi l’un des tout premiers modèles à intégrer la reconnaissance digitale. Cette technologie est bien connue : même les smartphones les moins huppés disposent aujourd’hui d’un capteur capable de reconnaître l’empreinte de son propriétaire pour se déverrouiller. Le dispositif, placé sur les poignées de porte et au niveau du démarreur, n’est, ici, pas beaucoup plus pratique qu’un système main libre. Il faut, par exemple, enlever ses gants pour ouvrir la voiture. Mais la sécurité est meilleure. Les systèmes sans clefs actuels fonctionnent avec des ondes audio qui peuvent être facilement piratées. En reconnaissant la personne qui prend le volant, via son empreinte, le système central pourra également charger automatiquement les réglages personnalisés enregistrés pour ce conducteur.
La reconnaissance faciale est également au cœur de toutes les attentions des constructeurs. À la manière d’un smartphone haut de gamme, l’ordinateur de bord peut reconnaître ses passagers et agir en conséquence. C’est l’équipementier français Faurecia qui a fait la plus forte impression à Las Vegas. Le spécialiste du confort a présenté un dispositif intégrant de multiples capteurs – deux caméras dans le tableau de bord et deux dans les montants centraux couvrant l’intégralité des sièges – capables d’identifier les occupants. Le système déploie ensuite un scénario personnalisé : musique, chauffage, vidéo sur le tableau de bord virtuel, réglage de siège… les possibilités sont infinies. Évidemment, ce penchant de nos autos pour nos empreintes biométriques pose d’importants problèmes de sécurité, d’éthique et de protection des données personnelles, mais, à l’image de ce qui s’est passé avec les smartphones, la technologie semble avoir le dernier mot.