Ouvertement inspiré des idéogrammes asiatiques, l’émoji voit le jour en 1999 dans l’esprit de Shigetaka Kurita, un concepteur d’interfaces numériques japonais travaillant pour un important fournisseur d’accès internet. Dès le départ, ces petites vignettes de 12×12 pixels plaisent particulièrement à la jeunesse, et se propagent en seulement quelques années dans le monde. Conçus pour apporter de la nuance aux interactions écrites, les émojis forment alors le premier langage créé par et pour le monde digital. On en compte aujourd’hui près de 3000 différents, décrivant des professions, des activités, des émotions ou de simples objets.
Une image, une idée
Souvenez-vous : entre 1997 et 2000, au moment de l’essor de la téléphonie mobile et des cartes de crédit prépayées, c’est le début du « langage sms ». On raccourcit alors les mots à la limite du compréhensible et l’on se sert des « smileys » ou « émoticônes » (contraction d’émotion et d’icône) pour exprimer facilement un sentiment.
En 1999, lorsqu’il crée l’émoji et s’inspire de ces caractères spéciaux pour en faire des images, Shigetaka Kurita imagine dans le même temps tout un ensemble original de vignettes représentant la météo, le trafic ou l’heure de la journée. Contrairement au smiley, l’émoji ne sert plus uniquement à préciser un état d’esprit, il devient une manière de se substituer aux mots, de représenter des concepts.
À chaque idée, un message
Après plus d’une décennie de démocratisation et de développement, l’intégration d’un large catalogue d’émojis dans le clavier standard de l’iPhone en 2011 finira de lier durablement cette « grosse tête jaune » à nos outils de communication. Il devient un marqueur générationnel au pouvoir évocateur puissant.
En 2015, les émojis reçoivent d’ailleurs une mise à jour pleine de sens : cinq nouvelles teintes de peau et des représentations de couples du même sexe. Comme les entreprises qui les proposent (Apple, Android, Google, Facebook…), ces émojis cherchent désormais à véhiculer des valeurs. Plus que jamais, ils sont le reflet d’une génération aux horizons ouverts, à la recherche « du pratique », mais aussi d’éthique dans leur représentation numérique.