Vous habitez en Dordogne, vous avez 28 ans, comment êtes-vous devenu un spécialiste des champignons ?
G.E. Lopez : J’étais fan de plantes, de nature, j’ai un parcours agricole puis en biologie, santé, naturopathie. Je suis arrivé au champignon grâce à la symbiose mycorhizienne : pour qu’on ait des plantes aujourd’hui, il a fallu 450 à 500 millions d’années depuis les premières algues qui ont fait un partenariat avec des champignons pour coloniser les terres émergées… Aujourd’hui encore, pour que les plantes soient saines, il faut qu’elles collaborent avec des champignons. Cela a été mon premier centre d’intérêt. J’ai ouvert différentes portes, et au final avec ce livre, je fais la synthèse des opportunités que représente le règne fongique.
Pourquoi les champignons sont-ils moins étudiés que les animaux ou les plantes ?
Les champignons ont été sortis du règne végétal seulement dans les années 60, c’est un règne à part entière avec une diversité de l’ordre de 6 à 8 millions d’espèces. C’est un mode de vie qui échappe à nos sens, on ne le sent pas, ni ne le voit. Sur mes réseaux @Zenno.Nature, j’ai 280000 followers, et je publie sur le vivant dans sa globalité, mais ce sont les champignons qui ont retenu l’attention du public. Au-delà d’être juste cette structure visuelle avec pied et chapeau, c’est tout un réseau, le mycélium, qui connecte et incarne l’interaction entre êtres vivants et non vivants au sein d’un écosystème. Le champignon transfère des influx électriques qui ressemblent à nos neurones, il suffit d’équiper le mycélium de capteurs, à nous de savoir décrypter le message.
À quoi pourraient servir les champignons dans le futur ?
Je poursuis mes études notamment sur le sujet des champignons médicinaux, une lacune chez nous, alors qu’en Asie, c’est un remède. Très peu de gens s’intéressent au monde fongique au sens large, des applications industrielles, pharmaceutiques, philosophiques… Je développe aussi une marque de produits régénératifs pour l’écosystème, au contraire des perturbateurs endocriniens qui sont des déchets. Le champignon a ce rôle de recycleur dans les écosystèmes, il est au carrefour entre la vie et la mort et, plus qu’un produit, il est au cœur de notre philosophie. Les champignons nous incitent à prendre soin des connexions qu’on entretient, c’est l’importance du lien qui unit les choses.