jeudi 21 novembre 2024
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Les pompiers de Haguenau ont 200 ans

Une centaine de personnes se passe le relais dans la caserne de la bien nommée rue des sapeurs à Haguenau. Parmi elles, l’Haguenovien Alban Fabacher, pompier pro à Strasbourg et volontaire à Haguenau, mais aussi adjoint au maire. Depuis 3 ans, il est président de l’amicale qui avait préparé trois jours de fête à l’occasion des 200 ans des pompiers. La Covid 19 en a décidé autrement. Rencontre sur la brèche au cœur de la vie des sapeurs.

Le temps du dialogue avec Alban Fabacher

« La caserne est une deuxième famille »

Votre carrière chez les pompiers a commencé très jeune !

Oui. Je suis sapeur-pompier volontaire depuis l’âge de 16 ans. C’est devenu mon métier deux ans plus tard. Je travaille dans une caserne à Strasbourg qui est composée de professionnels avec des gardes de 24 heures, mais je donne aussi des heures à Haguenau. Ici, il y a des pompiers professionnels accompagnés parfois de volontaires en journée pour des gardes de 12 heures. La nuit et le week-end il y a exclusivement des pompiers volontaires.

On vous a beaucoup vu sur les réseaux sociaux, pour la promotion de votre calendrier notamment.

Nous avons fabriqué un calendrier un peu funky, pour ne pas dire sexy, parce que le monde des pompiers s’ouvre de plus en plus. Nous avons fabriqué une vidéo vue plus de 60 000 fois pour annoncer la sortie du calendrier, tout en respectant l’institution et l’image des pompiers. Nous avons eu un très bon contact avec la population lors des séances dans les rues de Haguenau, c’était très convivial. Et puis, comme c’est toujours le cas depuis des générations, quand on demande aux enfants ce qu’ils veulent faire plus tard, ils répondent « pompiers », le premier objectif de ce calendrier était de venir en aide à « Franck, un rayon de soleil » et « Les enfants de Marthe ». Nous avons vendu 800 exemplaires du calendrier et nous avons versé 2000 € à chaque association.

Les pompiers rencontrent parfois des difficultés qui n’ont rien à voir avec leur métier ! Comment expliquez-vous certains comportements ?

C’est peut-être une question de proximité. Dans les grandes villes, très peu de pompiers habitent à proximité de leur caserne, alors qu’ici, quand nous faisons une intervention à Haguenau, les gens nous connaissent. En règle générale, nous avons un très bon rapport avec la population. Il y a aussi un élément à prendre en compte :  en cas d’incivilités, nous faisons remonter l’information à notre hiérarchie ou avec un déport de plainte, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quelques années.

Il y a quoi dans la tête, dans les bras d’un pompier d’aujourd’hui ?

C’est quelqu’un qui est dévoué, qui reste humble, qui aime rendre service à toutes les heures et toute l’année. Il doit s’adapter. Il peut se retrouver sur une ambulance à 15h, une heure après sur un feu d’appartement et le soir il peut traiter une fuite d’eau. C’est aussi quelqu’un qui sait écouter les anciens. Et puis il y a l’esprit d’équipe, la caserne est une deuxième famille, parce que l’on y passe énormément de temps. Le pompier d’aujourd’hui utilise un matériel adapté aux nouvelles technologies, il est mieux formé, mieux protégé par des équipements de dernière génération. Ceux qui choisissent ce métier juste pour dire « je suis pompier » ne restent pas. Dans cette voie il faut faire don de sa personne et de son temps dans une société de plus en plus individualiste. Quelqu’un qui n’aime pas les humains ne peut pas être pompier.

Quel est le pourcentage de femmes à Haguenau ?

Environ 10 %, mais ce chiffre est en augmentation. Elles cherchent à s’engager régulièrement. Elles ont tout à fait leur place dans les casernes, elles font les mêmes formations, les mêmes tests sportifs, et leur approche parfois différente est importante.

Les pompiers de Haguenau ont 200 ans, mais la fête prévue le week-end du 11 juillet est annulée. C’est une très mauvaise nouvelle ?

Oui, nous préparions ce bel événement depuis plus d’un an. La ville nous avait fait confiance pour faire quelque chose de très sympa avec notamment un grand bal, un escape game et beaucoup de nouveautés. Nous allions inviter tous ceux qui sont passés par notre centre de secours. Une classe de 3e du collège Foch a travaillé sur cet anniversaire ; les élèves sont venus avec leur professeur, ils ont interrogé des pompiers retraités et devaient présenter leur travail lors des festivités à l’Espace Saint-Martin. Ce n’est que partie remise, si tout va bien la fête aura lieu dans un an. 


 

3 Questions à Bernard Lienhard

« L’esprit sapeur-pompier reste »

Bernard Lienhard est l’un des anciens chefs du Centre de Haguenau. Même s’il a tourné la page, ses années de commandement, de 1991 en 2001, sont gravées dans sa mémoire.

Bernard Lienhard, ancien chef du Centre de Haguenau

Que retenez-vous de l’évolution de votre métier ?

C’est considérable. Au départ, on intervenait uniquement pour les incendies. Ensuite, ce fut le secours à la personne avec des ambulances et les gros accidents de la circulation. Les missions se multiplient. Il ne faut pas oublier que Haguenau s’étend, il y a de plus en plus de monde, plus d’industries, plus de voitures. Comme l’a dit un grand expert de la gestion de crise : « L’échelle grandiose de la technologie moderne est aussi celle des risques qui l’accompagnent ».

Un exemple chiffré de cette évolution ?

Quand j’ai quitté la caserne, il y avait 80 pompiers volontaires et 2 ou 3 professionnels, le nombre de sorties était proche de 2000 par an. Aujourd’hui, ils font plus de 5000 sorties.

Que retenez-vous de votre carrière, quelle est l’image la plus forte ?

Pour répondre avec un peu d’humour, je dirais que j’ai l’impression d’être tombé dans une bassine quand j’étais petit, comme Obélix dans la potion magique. On est là pour sauver des gens, sauver leurs biens, on vit des moments très durs, parfois très violents, mais après il faut le faire. C’est un engagement de toute une vie. Une fois que l’on est dedans, même si l’on ne porte plus la tenue, l’esprit sapeur-pompier reste. Il faut savoir tourner la page, mais je reviens voir de temps en temps ceux que j’ai connus beaucoup plus jeunes.

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