Qu’est-ce qui pousse les psychologues à descendre dans la rue ?
C’est assez inédit que les psychologues en arrivent au point de devoir manifester. Ce mouvement va rassembler différentes pratiques : des psychologues en institution, mais aussi en libéral pour pointer tout ce qui dysfonctionne. Le gouvernement veut nous pousser à faire des choses qui vont à l’encontre de notre déontologie. Il y a notamment cette idée que le psychologue multiplie les actes pyschologiques, on rentre dans une logique de rentabilité.
Les psychologues demandent le retrait de mesures construites sans leur participation…
J’ai découvert un tas d’éléments en lisant des articles sur internet comme les chèques psy ou les « forfaits psy » (remboursement de dix séances à partir de fin mai pour les enfants affectés par la crise sanitaire, ndlr). Le remboursement est une bonne chose et ça fait longtemps que nous le demandons. Mais il me semble très important que les psys puissent rester neutres des outils qu’ils utilisent et du temps qu’ils consacrent au patient. On parle beaucoup des enfants, des adolescents et des étudiants, mais cela vaut aussi pour les adultes. Et des ajustements sont nécessaires : on ne peut se dire qu’on va recevoir un patient et que dix séances sont nécessaires. Peut-être qu’il en faudra plus, peut-être moins. L’autre point négatif : le fait d’être contraint à une limite de temps de 30 minutes pour recevoir les patients. Je ne connais pas beaucoup de psys qui reçoivent en une demi-heure, ça arrive, pour certains. Mais nous avons des pratiques et des outils pensés en fonction du patient. Non pas pensés en logique de rentabilité.
Les psychologues manifesteront dans toute la France jeudi 10 juin. A Strasbourg, le rendez-vous est donné à 13h30, devant l’ARS – cité administrative du Daujot.