Maxi Flash : Quand on est originaire de Ribeauvillé et journaliste de métier, peut-on résister aux références personnelles dans ses romans ?
J’ai fait en sorte de mettre à distance mon environnement professionnel et proche, ma région, bien que l’héroïne soit journaliste d’investigation. Elle est parisienne, elle est passée par l’école de journalisme de Strasbourg et elle revient dans le cadre de son enquête. Ça permet de présenter l’Alsace en interaction avec le monde qui l’entoure, pas comme une région refermée sur elle-même. C’est un roman avec quelques scènes à Strasbourg, mais beaucoup moins que dans mon premier, Et la ville sera vide. L’essentiel de l’histoire se passe dans un village imaginaire qui est celui de la grand-mère, au pied du plateau de Pierre grise.
Le livre est sorti quasiment en même temps que le scandale des Ehpad Orpea…
Lorsque je me suis demandé sur quel secteur Célia allait enquêter, j’ai pris un secteur sur lequel je n’ai jamais écrit, mais où il y a des débats prégnants entre intérêt général et particulier depuis longtemps. Il se trouve que cet hiver l’enquête sur Orpea est sortie et elle est incroyablement documentée. Moi j’ai écrit en 2019, sans approche journalistique, c’est de la fiction en résonance avec le monde qui nous entoure.
Peut-on le ranger dans le genre roman contemporain ?
Il y a plein de choses dedans : du thriller car il y a une intrigue et du suspens, mais je ne l’enferme pas dans un genre particulier. C’est aussi un roman de formation car l’héroïne est à un moment toute cabossée et se reconstruit, grâce à sa grand-mère et à la littérature, l’environnement qui est très présent, les ZAD à contre-emploi puisque les éoliennes sont censées être un projet vert, et cet aspect Ehpad, donc des thèmes de société. Le texte donne à voir la complexité des questions loin des analyses binaires que l’on peut rencontrer aujourd’hui sur les réseaux.
Pour vous, c’est naturel de passer d’un format court à un format long, de l’article au roman ?
Ce n’est pas du tout la même écriture, on fait ce qu’on veut, on imagine, on crée. La fiction, c’est plutôt déconseillé en journalisme ! C’est carrément une autre approche, je prends un grand plaisir à construire une intrigue et inventer la vie des personnages. C’est naturel dans le sens où ça fait longtemps que j’écris et j’adore ça.