C’est marrant cette tendance à chercher « le meilleur de tous les temps », le fameux GOAT qui vient polluer toutes les publications des comptes Twitter ou Instagram en recherche de commentaires et de clics. Tous les sports y passent. Et dans les commentaires, le manque d’objectivité est vite effarant. Combien de fois j’ai lu « c’est XXX [le nom de votre sportif préféré] et y’a pas de débat ». Bah si, en fait.
Il y a plusieurs strates de ridiculisme (oui oui). D’abord au sein d’un même
sport : comment voulez-vous comparer les époques, les conditions d’entraînements, l’hygiène de vie, etc. ? Franchement, il est beaucoup plus simple de considérer qu’il existe une caste des seigneurs sans forcément en désigner un plutôt qu’un autre. Un footballeur français ? Kopa, Platini, Zidane… Et même, on a là que des meneurs, ne peut-on pas considérer qu’un Laurent Blanc mérite sa place au panthéon ?
Ensuite on a l’échelon national. Le plus grand sportif français ? Mais les gars ! Entre Teddy Riner et Martin Fourcade, vous mettez où le curseur ? On a déjà des débats au sein de chaque discipline, comment voulez-vous débattre de ça ?
Il faut aussi faire la distinction entre ceux qui ont défriché le terrain, dépucelé leur sport, et ceux qui ont pris la suite, en s’appuyant sur ces acquis-là. Aurait-on eu un Teddy Riner sans un David Douillet? Sans aller plus loin dans la démonstration, je pense que vous avez saisi le fond de ma pensée. Il n’existe pas UN GOAT. Cette notion n’existe tout simplement pas.
Nos propres critères
En revanche, on a le droit d’avoir nos athlètes préférés, parce qu’ils ressemblent à nos valeurs, à nos aspirations, ils sont ce qu’on aurait aimé être. Certains auront plus d’affect pour la grâce et l’élégance, d’autres pour la puissance et le sentiment de domination. C’est pour cela qu’il y aura toujours des débats Federer / Nadal ou Jordan / James. Et il n’y a aucun jugement à porter sur ce qui fait vibrer les uns et les autres.
Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ne m’ont jamais mis de paillettes dans les yeux. Je peux en revanche me gaver d’images de Dennis Bergkamp. Si j’ai un respect infini pour Nadal ou Agassi, je serai toujours dans les teams Sampras et Federer. On peut aussi simplement aimer un joueur pour ce qu’il représente dans sa ville, son club, sans qu’il ait besoin d’avoir le plus gros palmarès. Un Dimitri Liénard ou un Pierre-Hugues Herbert. Sans que cela soit soumis à jugement ni commentaire.