vendredi 22 novembre 2024
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Patricia Houg, Elle fait la Fo-art

Depuis 2016, Patricia Houg est la directrice artistique de ST-ART, la plus grande foire d’art contemporain dans la région, organisée comme la Foire européenne de Strasbourg par Strasbourg événements et le Groupe GL Events. Avant la 25e édition de ST-ART qui se tiendra du 26 au 28 novembre, elle propose De la matière à l’objet, une exposition autour de trois matières, le verre, le bois et le métal pour découvrir et admirer le talent de nombreux artisans d’art. C’est la grande nouveauté du rendez-vous de la rentrée en Alsace qui dévoile la richesse du savoir-faire de tout un territoire. Rencontre avec la commissaire d’exposition.

Cette exposition est une première pour vous, racontez-nous comment cela s’est fait.

Je ne m’attendais pas à cette proposition, à ce projet. Ma spécialité est plutôt l’art contemporain ou l’art moderne. Je ne savais pas si j’étais capable de répondre aux attentes, mais je me suis vraiment prise au jeu. Je suis partie sur quelques phrases, sur une idée globale : mettre en avant des pièces d’exception. L’idée n’était pas de faire une foire dans la foire, mais de montrer les talents des métiers d’art. Finalement, nous aurons une très belle exposition. Cette expérience a été très intéressante pour moi, j’ai fait beaucoup de recherches pour trouver des artisans qui avaient une ligne créative particulière et reconnaissable, une sorte de signature avec des pièces qui correspondaient vraiment à la question de l’artisanat, pas quelque chose de faussement artistique. Finalement, ils sont assez nombreux, la difficulté était d’en choisir neuf, seulement neuf.

Qui sont les artisans ?

Ils sont trois par matière. Dans le verre, il y a des suspensions, des volumes, du verre soufflé comme on peut en trouver à Murano, des petits volumes avec un côté japonisant, et des souffleurs de verre qui recréent à l’identique des pièces anciennes en remontant jusqu’au XVe siècle, c’est très beau et pertinent. Pour le fer c’était un petit peu plus compliqué, car il y a souvent de gros volumes, mais nous avons trouvé des choses assez pertinentes avec un forgeron «masseur de métal» par exemple. Pour le bois, je ne voulais pas tomber dans le mobilier, j’ai cherché et trouvé des artisans très différents, avec une vraie écriture. Je tenais à restituer la pratique de la matière dans un contexte historique et géographique. Je voulais vraiment que l’on se demande ce qu’est l’artisanat d’art et comment nous, l’espèce humaine, nous utilisons ce que la nature nous apporte pour en faire quelque chose d’utile. C’était aussi l’occasion, après
« les années » d’enfermement de la crise sanitaire, de se recentrer et de dire qu’à côté de chez nous des choses se passent. On est souvent tenté d’aller très loin, alors que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Il y a sans doute quelqu’un de très talentueux à Nantes ou à Karlsruhe, mais le rôle d’une foire ou d’une exposition est de présenter ce qui se fait de mieux sur son territoire. 

Comment les artisans ont-ils réagi lorsque vous leur avez proposé de participer à une exposition pendant la Foire européenne de Strasbourg ?

Très bien. En fait, j’ai cherché des gens qui assument vraiment la question de l’artisanat, mais aussi leur pratique artistique, leur signature. J’ai beaucoup cherché en amont pour ne pas me tromper, et finalement il n’y a pas un artisan qui m’a dit « moi je suis plutôt un artiste ». On ne les emmène pas à la Foire européenne dans une fausse exposition, c’est annoncé clairement, il s’agit d’une foire généraliste dans laquelle il y a cette exposition qui met en avant les métiers d’art. On explique l’histoire, la technique, la matière avec des films ou des photos vraiment formidables, c’est très photogénique. 

Vous en parlez avec passion, comme pour les artistes qui exposent à ST-ART !

Tout simplement parce que cela m’a passionnée. Du coup, j’ai eu beaucoup de choses à dire sur chaque artisan. C’est quasiment le même travail que pour ST-ART. En tant que commissaire d’exposition, j’ai une idée, je décide d’écrire mon projet et une fois que le texte est bien construit, je vais chercher les œuvres et les personnes qui pourraient donner du sens et du corps à ce que j’ai imaginé. Quelque chose de beau et de pertinent.

Alexandra Rousier, Présidente du directoire de Strasbourg Events, dit que la crise a été l’occasion de vous réinventer, que vous en sortez grandis ! 

Complètement. Elle nous a permis de recréer des liens de proximité que l’on n’avait plus. Ces liens seront pérennes. Nous avons été solidaires et obligés de nous regarder, et effectivement de nous réinventer. On est fiers de produire cette exposition avec uniquement des compétences de notre groupe. Cette crise a été une vraie opportunité. Les contraintes comme le pass sanitaire ne sont plus des contraintes, mais au contraire des espaces de liberté pour se rencontrer et nous embarquer dans un moment de partage. Je suis très impatiente d’y être.   

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