Je n’avais pas croisé ma voisine depuis quelques jours, mais ce n’était pas la raison de sa petite mine. Elle était déprimée à cause des sondages des Présidentielles. Elle m’a dit « Avec un prénom comme le mien, je ne vais pas faire de vieux os dans mon pays si Z passe, et Jean passe ». Même déprimée, elle a de l’humour ma voisine. Du coup, pour lui remonter le moral je lui ai proposé un jeu : trouver un président, quelqu’un que les Français aiment bien (ce qui, je vous l’accorde, est un argument un peu léger pour diriger le pays). Elle a proposé JJ Goldman, Sophie Marceau, Line Renaud, Renaud, Philippe Etchebest et Cyril Lignac et moi j’ai ajouté Omar Sy, Jean Pierre Pernaut et Mathieu Ricard, Jean Dujardin, Denis Brogniart, Mbappé, Pesquet, Onfray ! On a bien déconné, et puis j’ai trouvé la bonne idée : Francis ! Oui Francis Cabrel. Le slogan de campagne est tout trouvé : « La France, je l’aime à mourir » comme le titre de sa chanson. Pendant les débats à la télé, il dirait qu’il a fait toutes les guerres pour être si fort aujourd’hui. Pas con, non ? Ma voisine m’a regardé comme si je votais Dupont-Aignan, elle est repartie pas vraiment joyeuse, et moi je suis allé faire mes courses en fredonnant qu’un jour peut-être, je serais le gardien du sommeil de ses nuits. Du coup, j’ai oublié un moment que dans notre pays une personne sur quatre a du mal à payer ses factures, que chaque jour l’avenir de l’humanité est un peu plus incertain, que la planète a elle aussi une petite mine et qu’aucun des candidats aux élections ne semble avoir de solution crédible, ou la volonté d’inverser la tendance pour tout reconstruire, pour tout reconstruire.