A la recherche d’un local, les deux associés sont tombés sur un caveau dans le centre-ville, abandonné depuis une dizaine d’années, au fond de l’impasse Fleckenstein : « On l’a visité à la lampe de poche. On a eu un gros coup de cœur. Cette poutre apparente, ce lieu chargé d’histoire : ça nous a plu tout de suite. C’est un endroit super atypique sur Haguenau ».
L’héritage des Fleckenstein
Selon Yves Gross, architecte-conseil de la ville et de la communauté d’agglomération de Haguenau, « cette demeure est sans doute la plus ancienne de la ville ». L’escalier du bâtiment est daté en 1544, mais le reste serait antérieur. « En 1480, elle a été acquise par Jacques de Fleckenstein. En 1514, elle est transmise à Henri de Fleckenstein-Dagstuhl. C’est certainement lui qui fit ajouter la chapelle. La demeure, agrandie en 1589 par l’adjonction de la maison n°8, resta aux Fleckenstein jusqu’en 1661. Elle passa ensuite à P. Wolf, notaire du bailliage puis, en 1694, au bailli royal Huguin qui y installa les locaux du bailliage », détaille Yves Gross. Avant d’accueillir Aux Oubliettes, ce caveau a vu passer une multitude de propriétaires : « En 1970, après des années d’abandon, le lieu a été réhabilité en bar, il s’appelait “l’Impasse”. Dans les années 2000, il a changé de nom en devenant le Baya. Il a fermé et dix ans plus tard nous sommes arrivés», racontent Antoine et Guillaume.
L’histoire, jusque sur la carte
Sensible à l’histoire de leur caveau et du bâtiment, l’équipe des Oubliettes a mis un point d’honneur à respecter le caractère historique du lieu :
« Pour l’enseigne, on a dû faire appel à un architecte des Bâtiments de France. On ne voulait pas le dénaturer. Pour nous, ça avait un peu plus de sens de se rapprocher de cette partie historique. On travaille avec de l’acier, du bois, des matériaux assez bruts pour qu’il garde ce côté authentique ».
Et cela se voit aussi sur la carte. « Notre cocktail préféré, l’Expresso Martini, est devenu Le Fleckenstein, comme le Tonic Mojito qui s’appelle La Duchesse », complète Antoine Meyer. Selon lui, les clients sont sensibles à cette atmosphère particulière : “Franchement, les gens adorent, le cadre plaît énormément. On a mis beaucoup de végétation, comme si la nature avait repris ses droits. »