lundi 3 mars 2025
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Un perdant magnifique de Florence Seyvos

Florence Seyvos nous entraîne dans la dérive envoûtante d’un homme insaisissable, où le chaos fascine autant qu’il dévaste. Éditions L’Olivier.

Imaginez un homme qui fait tout pour tout foutre en l’air et qui, malgré tout, vous captive à chaque geste. Cet homme c’est Jacques, le héros du texte de Florence Seyvos. Dès les premières pages l’autrice nous propulse dans une danse envoûtante, celle d’une famille qui vacille sous les caprices de cet homme hors norme. Flamboyant et maladroit, autoritaire et rêveur, il bouleverse la vie d’Anna, adolescente au Havre dans les années 1980, et de sa famille. À chaque retour d’Abidjan, où il s’entête à poursuivre des affaires chimériques, il trimballe des rêves d’opulence qui finissent en factures impayées. Et si on sourit de ses extravagances – un piano livré sans prévenir, des meubles somptueux achetés à crédit –, on sent aussi cette menace diffuse qu’il fait planer tout autour de lui. De tout cela, Florence Seyvos, n’en fait pas un drame. Au contraire, elle transforme ce désastre en une sorte de ballet.

Entre l’éclat des rêves démesurés de Jacques et l’infinie patience de la mère, qui tente de maintenir à flot la famille, elle trouve un ton juste, mêlant tendresse et ironie. Chaque scène est construite avec précision, chaque dialogue résonne avec une authenticité désarmante, permettant de donner du corps aux personnages avec lesquels l’autrice joue habilement. Des silences, des regards et des non-dits, elle capture l’ambivalence des liens qui se tissent. À cela s’ajoute une plume d’une grande délicatesse, qui évite les excès pour mieux saisir l’essence des émotions. Ici pas de larmes, pas de jugement facile, juste une vérité brute qui nous happe et la magie d’une narration qui par des chemins détournés nous parle de l’adolescence, des illusions perdues et de ce temps qui passe, inexorablement, réveillant en nous une époque qu’on avait enfouie. Ce récit nous parle d’un homme qui ne sait pas où il va, mais qui emporte tout sur son passage. Et, au final, c’est là toute la beauté de ce livre : on y découvre l’humanité dans ses contradictions, dans son chaos, mais aussi dans sa capacité à survivre. Un roman imprévisible, déchirant, mais terriblement humain.

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