À Brumath comme ailleurs, des enfants ne peuvent pas être scolarisés : pour aller à l’école, ils ont besoin d’être accompagnés par des Auxiliaires de Vie scolaire. Or en France, il en manque énormément.
Le 7 novembre dernier à 4h du matin, une mère de famille, membre du collectif Citoyen Handicap, s’apprêtait à passer plusieurs heures au sommet de l’échafaudage de l’ancienne maison du Bâtiment de Strasbourg. Son objectif : dénoncer le manque d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour accompagner les jeunes en difficultés ou en situation de handicap dans leur vie scolaire et parascolaire. Un métier que peu de personnes souhaitent exercer en raison de sa précarité.
Ce constat, Joëlle Suss l’a fait également. Présidente de l’association de parents d’élèves FCPE de Brumath depuis le mois de juin, elle est régulièrement en contact avec des parents dont les enfants sont confrontés à ce problème. Parmi eux, certains n’ont toujours pas fait leur rentrée en cette fin de mois de novembre. « On m’a dit qu’il n’y avait pas assez de candidats pour que tous les enfants dans le besoin puissent bénéficier d’un AVS ». Pas question pour elle ni pour les parents de baisser les bras. « J’ai fait la liste de tous les enfants qui attendaient un AVS : 5 rien qu’à Brumath, et 3 à Donnenheim » à ce moment-là.
Une annonce sur Facebook
Le 14 novembre, elle publie une annonce sur Facebook : « Nous recherchons d’urgence plusieurs AVS ». En un peu plus de 24 heures, son annonce fut partagée un millier de fois. La ville de Brumath lui est également venue en aide en publiant sa recherche sur les panneaux lumineux de la ville. Joëlle Suss a reçu en quelques jours seulement plus de 30 appels téléphoniques, et des dizaines de candidatures ont été envoyées depuis.
Un problème récurrent en France
Ce manque d’AVS n’est pas particulier à Brumath. Il manque des AVS partout en France, et des candidatures ont été réceptionnées pour des communes comme Hoerdt, Weitbruch, Soufflenheim, Strasbourg, Pfaffenhoffen, Benfeld, Schiltigheim et d’autres encore.
« En m’intéressant à ce sujet, j’ai appris qu’à Weitbruch, un enfant non-voyant est scolarisé depuis septembre sans aide. Tous ces parents ont beaucoup d’espoir de trouver quelqu’un. Notre objectif : des AVS pour tous pour Noël ! ».
Quand la maîtresse prend le relais
Ce problème récurrent, Marie, maman d’un petit garçon de 10 ans, y est confrontée chaque année : « Il souffre d’une dyspraxie. Il éprouve des difficultés au niveau des gestes, de l’orientation dans l’espace, de la logique, et c’est compliqué : il a besoin de quelqu’un qui l’aide à reformuler et à écrire, car il fatigue vite ». Cette année comme toutes les autres, son fils est notifié : cela signifie qu’il a le droit d’avoir un AVS. Mais comme chaque année, il est encore en attente. « Sa maîtresse est obligée d’écrire pour lui, ce qui handicape toute la classe ». Être notifié, c’est un véritable parcours du combattant : « il faut évidemment avoir un diagnostic, partir d’un constat problématique à l’école, faire des réunions avec le référent, les professeurs, la directrice, et avec les médecins ! Sans compter les dossiers à remplir et les bilans nécessaires. C’est très lourd, et il faut le refaire chaque année ! »
Peut-être des AVS pour la rentrée de janvier
Alors quand on lui a dit que ces élèves n’auraient pas d’AVS avant la rentrée de janvier, Marie ne l’a pas supporté : « C’est intolérable. La plupart du temps, tous les dossiers sont faits avant l’été pour que l’Éducation nationale ait le temps de recruter le nombre d’AVS nécessaire, et chaque année il en manque un nombre considérable. On ne peut plus attendre », dit-elle. De plus, chaque jour, des enfants obtiennent de nouvelles notifications pour avoir droit à un AVS. Marie et tous les autres parents concernés espèrent que l’appel lancé par Joëlle Suss permettra désormais à leurs enfants d’être scolarisés et accompagnés jusqu’à la fin de leur scolarité.