Juste après avoir franchi la Zorn à l’entrée de Weyersheim, celui qui lève les yeux devant la grande bâtisse jaune tombe sur la plaque “1717”. Trois cents ans et trois marches en grès plus tard, la porte s’ouvre sur la salle aux poutres apparentes ornées d’objets pleins de cachet : des poteries, des pots à lait, des casseroles, des horloges, des tapisseries… « Certains objets étaient présents dans l’auberge, d’autres viennent de la famille, les derniers sont chinés », avance Myriam Debeer, la propriétaire des lieux.
Avec son mari Hervé, aux fourneaux, ils ont investi les lieux en 1996. Mais le bâtiment a servi de “Wirtschaft” « au moins depuis 1907, puisqu’il est situé sur la route des terres agricoles et les paysans s’arrêtaient pour abreuver leurs bêtes ou boire un verre ». En 2000, place aux grands travaux, car « même si tout est d’origine, il a fallu transformer la grange —les toilettes étaient encore à l’extérieur— et créer de bonnes conditions pour les cuisines ». Pionniers de la cuisine ouverte, ils ont dû insister pour que l’architecte supprime les portes : « Au-delà des mots, la volonté de ne rien cacher était importante pour nous », appuie Myriam Debeer.
C’est cette « envie d’authenticité » qui l’a attirée vers les costumes alsaciens, qu’elle et sa collègue Laurie portent pendant le service. De grandes robes aux riches tissus, cousues par la Maison Bossert à Strasbourg. « C’est l’élégance de la tradition, sourit la patronne. Nous les avons choisies avec soin, elles ont été portées dans notre zone géographique dans les années 1900. Le plastron est un peu caché, mais c’est un travail d’artiste avec de véritables perles de verre… Quand il est placé, il me tape un peu dans l’estomac, mais ça me force à rester droite ! »
Droite également dans ses choix de produits à la carte, locaux, bio dès que possible. Ici jus alsaciens et apéritifs de grand-mère, comme le guignolet, ont la part belle. « Mettre le territoire en avant, c’est aussi entretenir le patrimoine. Enlever les sodas hypercaloriques de la carte, c’est ma part du colibri ». Pour mieux rajouter un message poétique à décoder entre les lignes sans doute…