D’après un récent sondage, nous possédons 30% d’affaires en trop. Et c’est une moyenne.
Question de place peut-être, on pourrait bientôt découvrir que nous sommes tous complètement tarés, ou que le syndrome de Diogène nous guette. J’ai dit cela à ma voisine l’autre jour alors que nous étions réfugiés dans la cage d’escalier.
Nous attendions que le vent se calme et un rire jouait sur son visage comme dirait Baudelaire. Elle m’a répondu que oui elle voyait beaucoup de choses en trop dans la vie : trop de nuisances, trop de cliques, trop de cons et elle a immédiatement ajouté : « Si l’on se débarrasse de nos 30 % en trop, est-ce que cela réduira d’autant la pollution, la connerie, l’intolérance, la haine, les hommes violents insuffisants répugnants, et de combien ? » J’étais soufflé.
Comme elle était en forme « trolympique », elle a ajouté: « La politique aussi, c’est trop. Et quand c’est trop c’est « tropbico » comme dirait Zemmour que l’on pourrait grandement remplacer à plus de 30%, mais pas sûr que ça suffise ». Elle était vraiment trop en forme ma voisine, j’avais trop de mal à suivre, trop vieux pour ces conneries, quand elle m’a demandé entre deux bourrasques: « Tu votes pour qui alors ? » J’ai répondu que je savais pour qui je n’allais pas voter et que c’était déjà pas mal, que je voyais bien 30 % de candidats en trop, mais que c’était trop sérieux ces trucs-là, que l’avenir de la France était trop en jeu.
J’ai fait gaffe à ne pas la froisser, à ne pas trop en dire, et alors que j’allais trop l’inviter à dîner, elle m’a mis un vent : « Il faut que je file, j’ai rendez-vous avec un type trop beau, j’ai compris que l’amour rend beau, comme disait Stallone ». J’ai dîné avec les 30% de moi-même en trop, j’ai lu Trotski, ça m’arrive quand j’ai envie de révolution, ce bon Léon qui a écrit : « Le besoin de poésie est aussi important que le besoin de pain ». J’ai avalé ma baguette en buvant du Tropico, j’ai relu tout Baudelaire, ça m’arrive quand j’ai envie d’ailleurs. Et j’ai attendu des jours trop meilleurs.