Est-ce qu’il y a encore des hannetons dans les herbes en ville à Haguenau ? On habitait chez les insectes, rue des Guêpes, rue des Chenilles, rue des Cigales, la nouvelle rue des Papillons avec le grand bloc des aviateurs de Drachenbronn en construction dans notre champ, à l’arrière de notre rue des Fourmis. C’était notre jardin, il y avait même la vigne de Madame Lembach au milieu des pommes de terre et la rhubarbe. Les hannetons, on les attrapait pour les mettre dans des boîtes d’allumettes grand format avec des petits trous pour respirer.
On cherchait aussi des têtards dans les ruisseaux qui traversaient les prés avant les Missions Africaines. Aucun têtard ne s’est jamais transformé en grenouille dans nos bassines, mais les hannetons, on en faisait des bombardiers. Il fallait des fils très très fins pour qu’ils soient légers, qu’on accrochait aux pattes des bestioles, si possible 3 ou 4 ensemble. Ensuite en classe, par exemple en math, on ajoutait un autre fil avec un tout petit bout de buvard qu’on trempait dans l’encrier, on ouvrait la boîte et on espérait un vol d’escadrille vers la blouse blanche du prof, n’est-ce-pas-donc-ici.
Quand Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band a succédé à Revolver, on aimait tellement les Scarabées (Beatles en anglais) qu’on a formé un groupe pour les boums, avec une seule guitare, celle de Keith de Weitbruch, et on s’est appelé les Rebeatonles, Re devant et on au milieu, pour faire encore plus anglais. Moi je n’avais que deux 33 tours, le Dutronc où on le voit de haut, l’index pointé, et plus tard l’album blanc (double album n° 0153 113, j’ai aussi gardé les photos de John, Paul, George et Ringo, à l’époque punaisées au-dessus de mon lit sous le crucifix acheté pendant la guerre par grand-père et le torchon imprimé de la Joconde, cadeau de la Tante Hélène). Et aussi un vieux 45 tours, Enrico Macias, Enfants de tous pays. Les autres disques c’étaient des échanges.
Les hannetons et les scarabées, on appellerait cela aujourd’hui des activités périscolaires.
Ambroise Perrin