Déjà sensibilisée à l’excès de déchets plastiques avant de passer huit mois en Amérique centrale, Maud Steininger a été encore plus contrariée lorsqu’elle n’a pas pu se fournir en savon solide au Costa Rica. Ni une ni deux, « je vais les fabriquer », lance-t-elle après un atelier d’initiation. Les ingrédients sont disponibles sur place, l’huile de coco ou d’avocat, l’aloe vera, restait à peser la soude, une poudre blanche qui se transforme en glycérine : « J’ai cherché une balance de précision au fin fond du Costa Rica, ils ont cru que c’était de la cocaïne puis m’ont prise pour une folle ! »
Majorque, Sicile, Atlas
De retour en France, où elle travaillait dans le domaine social, sa reconversion « pour faire quelque chose de [ses] mains » est toute trouvée. Elle poursuit sa formation, sur la saponification à froid, la réglementation, la parfumerie, puis va se professionnaliser à Majorque. Un de ses savons porte d’ailleurs ce nom, rappelant que l’huile d’olive bio vient d’Espagne, d’autres s’appellent Sicile pour le citron ou Atlas pour le shampoing solide au cèdre.
Tous portent la marque du martin-pêcheur, ou alcedo de son nom scientifique. « “Al” rappelle Alsace, “ce” Celtic pour la source de la Liese, et “o”, c’est l’eau ! Ce n’était pas voulu. Et ça fait allusion à l’environnement naturel favorable dont le martin-pêcheur a besoin », sourit l’entrepreneuse. Ailleurs, l’eau doit être déminéralisée pour fabriquer du savon. Ici, pas besoin : « Elle est peu minéralisée et très pure, c’est hyper respectueux pour la peau ». D’où un succès naissant auprès des magasins bio et des pharmacies…
Confectionnés de A à Z
Ainsi, de micro-entreprise en 2020 pour vendre sur les marchés, Maud a pu lancer la société Alcedo en juin 2021 et venir s’installer à Niederbronn, dans les anciens locaux du restaurant de l’usine Celtic. Seulement aidée de Lisa, stagiaire ingénieure chimiste pour la formulation, elle a confectionné de A à Z 6000 savons en seulement cinq mois ! Si elle ne se verse pas encore de salaire, mais travaille 80h par mois, elle a « hâte d’embaucher, peut-être un public en difficulté, pour avoir aussi un impact social ».
Économie, écologie, humain : pas étonnant qu’elle ait décroché une subvention européenne et une sélection dans le cadre du programme « Elles osent Grand Est » !