Comment passe-t-on de restauratrice à costumière à l’opéra ?
Ma passion, c’est la danse, j’ai commencé à l’âge de six ans. Très jeune, j’ai voulu travailler dans le spectacle. Et je n’ai jamais arrêté, c’était ma belle période. Je voulais être danseuse, mais à l’époque ce n’était pas un métier. J’ai pris des cours à Strasbourg, et j’ai eu la chance que ma maman me suive. Finalement, je suis entrée à l’Opéra, comme costumière. J’ai commencé par le ballet, pour terminer chez les solistes, mais parallèlement, pendant 40 ans, j’étais à l’école de danse Robert Uytter à Haguenau. On a fait du jazz, de la comédie musicale, des claquettes, de la danse classique naturellement. Je me souviens des grands spectacles au Théâtre municipal de Haguenau, je m’occupais déjà des costumes, il fallait en faire une centaine, parfois 150. Après, nous avons créé une petite troupe avec cinq autres danseuses, on se produisait dans les alentours. On se voit toujours et certaines font partie des Arts Populaires D’Hàpferdänzel.
Un mot sur ce groupe dont vous êtes la présidente !
Cet ensemble folklorique a été créé par Raymond Rick. Il est issu du Théâtre Saint-Nicolas de Haguenau (comme l’Ensemble de tradition populaire Barberousse, l’autre groupe de Haguenau). Nous sommes une trentaine de membres et nous dansons au rythme des cuivres, cette musique entraînante qui fait tourner les Alsaciennes dans leurs belles robes. Nous dansons pour les fêtes alsaciennes. À l’époque, nous avons fait de belles sorties, en Allemagne, en Italie, à Aix-les-Bains. Il y avait aussi les majorettes, moi j’ai commencé par là, à 13 ans, et j’y suis depuis 1968, depuis le début. Moi, la danse, c’est ma vie.
Pourquoi aimez-vous la danse folklorique ?
Grâce aux costumes. C’est moi qui fais les costumes. Sauf pour les hommes. Je ne suis pas tailleur, je suis « couturière flou » et je peux allier mes deux passions, la danse et la couture.
Vos costumes ont été réalisés d’après les conseils du conservateur du Musée alsacien de Haguenau. Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus sur le sujet ?
Nos costumes ne sont pas spécifiques de la ville de Haguenau, d’ailleurs il n’y a pas de costume spécifique de Haguenau. Ce que nous portons, c’est le costume du Pays de Hanau, celui de Bouxwiller qui est un petit peu plus loin. C’est un costume protestant. Les femmes mariées ont des coiffes noires et sur la robe il y a un galon du conscrit. Nous sommes toutes en rouge, car à l’époque, Monsieur Rick ne voulait pas qu’il y ait 36 costumes différents. On respecte cela depuis le début, mais pour montrer que nous sommes de Haguenau, j’ai introduit quelques costumes bourgeois. Quant à nos danses, les chorégraphies et les musiques sont des créations originales, élaborées spécialement pour le groupe.
En ce moment, l’ensemble Arts Populaires D’Hàpferdänzel tourne beaucoup !
Oui, nous avons fait une dizaine de spectacles depuis le mois de mai. Nous irons au Corso fleuri de Sélestat, au Mariage de l’ami Fritz à Marlenheim, avant la fête de la choucroute à Meistratzheim et bien sûr, la fête du Houblon de Haguenau.
Une fête à laquelle vous participez depuis 1968…
C’est la grande fête pour nous, depuis toujours. Nous sommes très souvent sur la scène de la Halle aux Houblons pendant la semaine, mais nous n’avons pas toujours de musique attitrée de Haguenau. Nous travaillons avec la musique de Dauendorf ou de Drusenheim qui nous accompagnera cette année le dimanche 28 août. Pendant le Festival du Houblon, nous serons sollicités tout au long de la journée et nous danserons sur le forum à 11h, il y aura le défilé à 15h et deux podiums, avant la clôture de 18h. Nous serons une trentaine, peut-être plus si j’ai assez de costumes pour les habiller. Après la période de covid, c’est le grand retour, et on est très heureux d’y participer.
Vous avez préparé votre «show» tout au long de l’année ?
Cela fait 40 ans que l’on répète le mardi soir. Tous les mardis soirs, sauf pendant la période de Noël. Nous avons créé également une section médiévale. Et nous allons participer à la fête des Fifres de Bischwiller, le 6 août. En ce moment, on répète pour cela. Cette année, on a vraiment un sacré programme.
Et la relève arrive ?
J’aimerais bien, mais les jeunes qui sont avec nous vont faire des études. Cela serait bien que quelqu’un me seconde, puis me remplace un jour, même si la danse c’est ma vie. Je danserai tant que j’aurai la santé.