Après le Covid, état d’hygiène

Durant les confinements, nous avons tous connu ou vécu, plus ou moins en fonction de son degré de solitude et de fatigue sans doute, une forme de lâcher-prise vestimentaire et corporel, ce n’était pas la fête du caleçon et du soutien-gorge, mais maintenant, où en sont les Français ? Sont-ils plus sales que nos amis européens ? Les pratiques hygiéniques varient-elles beaucoup en fonction des pays ? L’Ifop publie un observatoire de l’hygiène des Européen(ne)s qui permet pour la première fois de comparer les habitudes corporelles et vestimentaires. Une enquête bien sentie.

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En 1951, le magazine Elle, dirigé par Françoise Giroud, publiait une enquête qui fit scandale. Elle mettait en évidence les conditions déplorables d’hygiène corporelle des Françaises qui souffraient encore, en cette période de reconstruction, d’un manque criant d’accès au confort de base (eau chaude, salle de bains ou douche). À l’époque, à peine la moitié des Françaises procédaient quotidiennement au lavage de leur corps et de leur visage et elles n’étaient que 11% à pouvoir se laver les cheveux au moins une fois par semaine. L’enquête ne s’était pas intéressée aux hommes, mais d’aucuns disaient que leurs pratiques étaient pires.

Alors aujourd’hui, les Français sont-ils les mauvais élèves européens en matière de propreté ? La réponse est non, ils ne sont pas les plus crasseux, il y a pire, la douche froide est pour l’Italie où seulement 53% des citoyens procèdent à une toilette complète tous les jours, soit une proportion largement inférieure au Royaume-Uni (68%) mais aussi à la France (76%), l’Allemagne (77%) ou l’Espagne (82%). Le faible taux de toilette quotidienne « complète » observé en Italie n’est pas forcément symptomatique d’une mauvaise hygiène. En effet, il tient sans doute à une culture hygiénique nationale spécifique marquée, entre autres, par le recours encore très répandu au bidet. Cet écart entre la péninsule italienne et les autres pays pourrait donc s’expliquer par une pratique plus large de la toilette « partielle » et un recours moins fréquent au bain.

En France le changement quotidien de sous-vêtements est le moins répandu d’Europe

Cette nouvelle enquête de l’Ifop montre que le relâchement de l’hygiène corporelle et vestimentaire des Français(es) n’aura été qu’un phénomène passager lié au covid : la fréquence de lavage corporel retrouvant le niveau qui était le sien avant la crise, mais un niveau pas très éblouissant, car soyons précis, cette nouvelle enquête ne remet pas en cause toutes les idées reçues sur le manque de propreté des Français qui se situent en queue de peloton en matière d’hygiène vestimentaire. C’est ici que le changement quotidien de sous-vêtements est le moins répandu chez les hommes avec 73%, contre 82% en Espagne, 77% en Allemagne, 77% en Italie et 75% au Royaume-Uni.
Plus exposées aux risques d’infection, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à changer de dessous tous les jours. En effet, la proportion de femmes qui changent quotidiennement de culotte est plus massive et homogène (93% en moyenne dans les cinq pays étudiés).

Et le sexe dans tout ça ?

Le repli social lié au confinement s’est accompagné – notamment chez les personnes isolées – d’une dégradation relative de l’hygiène corporelle et vestimentaire, confirmant l’hypothèse selon laquelle la gestion de son niveau de propreté reste déterminée par la prise en compte du regard des autres, son degré de sociabilité et d’activité sexuelle.

Les personnes les plus soucieuses de leur hygiène sont souvent celles qui ont le plus de partenaires ou de rapports sexuels. C’est particulièrement net dans la pratique quotidienne de la douche qui atteint ses taux les plus faibles chez ceux qui n’ont eu aucun rapport sexuel au cours des quatre dernières semaines (48%). Alors, on se douche ou on se touche ?

Étude pour XloveCam réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 27 juin 2022 auprès d’un échantillon de 5 039 personnes représentatif de la population de l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et Royaume-Uni (âgée de 18 ans et plus).


Le chiffre : 27%

En France, le changement quotidien de sous-vêtements est le moins répandu en Europe : 27% des hommes n’en changent pas chaque jour. La proportion de femmes qui changent quotidiennement de culotte est de 93% en moyenne dans les cinq pays étudiés.