Julie Helwing : Avez-vous toujours été passionné par la comédie ?
Thom Trondel : Quand j’étais plus jeune, j’avais deux facettes. La création : je passais les récréations seul à rêver, dessiner ; et la représentation : j’adorais amuser la galerie ! Le théâtre s’est alors imposé naturellement. Je suis arrivé sur un plateau à 12 ans. Je voulais suivre une fille qui me plaisait bien et qui y était inscrite… Je n’ai jamais trouvé cette fille, mais j’ai trouvé mieux : une véritable vocation !
JH : Après toutes ces années, prenez-vous toujours du plaisir à jouer Mars et Venus ?
TT : Sébastien Cypers m’a contacté en 2012. C’est un défi complètement fou. Nous jouons en interaction permanente avec le public et j’improvise avec lui comme avec ma partenaire, en l’occurrence Aurélie de Soissan. La pièce est d’une efficacité incroyable: on rit du début à la fin. Et elle est thérapeutique : au-delà du divertissement, on aide les gens à se comprendre les uns les autres.
JH : Avez-vous déjà assisté à des situations exceptionnelles lors des représentations ?
TT : Nous assistons parfois à de fausses engueulades comme dans les z’amours ! Après, on ne sait pas comment ça se passe à la maison. Nous avons même eu des demandes en mariage !
JH : La pièce s’amuse des clichés de couples et des différences entre les hommes et les femmes.
TT : Si ces clichés ont la vie dure, c’est qu’ils ne sont pas que des clichés. On se rend compte que les couples passent tous par les mêmes situations. Chacun se reconnaît, ou reconnaît son conjoint. Parfois on en dénonce aussi certains qui pourraient dater des années 1960 ou 70 !
JH : On dit souvent que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus…
TT : Oui, les hommes et femmes fonctionnent de manières différentes sur de nombreux points. Mais il y a tellement de ressemblances qu’il n’y a pas de quoi en faire un drame. Mieux vaut rire de ses différences que les combattre ! La pièce m’a beaucoup fait évoluer dans la compréhension de ces relations. Je me suis rendu compte que je pouvais reproduire certains clichés à la maison : disputes, mauvaise foi… Alors j’essaye de travailler là-dessus !
JH : Le féminisme est un grand sujet d’actualité, notamment avec le mouvement #metoo. Est-ce important pour vous de pouvoir rire de cela ?
TT : Oui ! Dans les 15 premières minutes de la pièce, j’ai un personnage très macho : alors je le joue à fond pour qu’on se rende compte que c’est un rôle. Plus on avance dans la pièce, plus on s’aperçoit que tous ces clichés-là, on les dénonce ! Depuis un an, on a adapté la fin en faisant passer un véritable message : on prône l’amour et le respect de la femme. La femme doit pardonner à l’homme (rires).