Mademoiselle Julie parle de la lutte des classes entre Julie et son serviteur Jean. L’éducation de sa mère lui a donné des armes, celle de son père un carcan féminin. Y a-t-il un message contemporain ?
Sarah Biasini : Ça parle des rapports homme-femme, on n’en a pas fini, il faut cohabiter ! (rires) On peut y trouver plein de choses qui résonnent aujourd’hui, des rapports de classes sociales, et aussi de séduction, une guerre des sexes. Le metteur en scène Christophe Lidon a voulu s’attacher à l’enfance des personnages, à l’éducation, l’origine, pour montrer à quel point ça les a marqués et expliquer plein de choses sur leur comportement adulte.
Vous avez vous-même vu Émilie Dequenne dans ce rôle, qu’avez-vous ressenti à l’époque ?
C’est le genre de pièce où on se dit, c’est un sacré morceau : très vite, c’est un face à face entre deux personnes, un dialogue intense et long. On se dit que ce n’est pas facile à faire, je ne me projetais pas du tout dans un tel rôle.
Et pourtant, vous emboîtez le pas à Fanny Ardant, Juliette Binoche, Anna Mouglalis… Ressentez-vous un héritage ou plutôt un poids ?
Une responsabilité, peut-être. Malgré toutes les représentations et mises en scène, on peut proposer une nouvelle lecture de l’histoire, même pour les gens qui l’ont déjà vue. Pour nous qui la jouons, c’est intéressant de comprendre chaque sous-entendu, ce que les personnages n’osent pas dire, les moments où ils mentent, pourquoi ils jouent la comédie, quand ils sont sincères. Ce sont de beaux personnages qui ont des faiblesses et en même temps beaucoup de courage, et méritent d’être bien défendus. On a tendance à dire que mademoiselle Julie est une fille à papa, héritière capricieuse, c’est dommage de s’arrêter à ça. Ce n’est pas un poids, c’est stimulant d’être leurs avocats, car ils sont très beaux même dans leur petitesse, ils sont très humains !
Quels sont vos projets à court terme, visiter l’Alsace ?
Non malheureusement, je ne viens que pour travailler, et après je rentre pour retrouver la famille et les responsabilités à Paris. J’écris mon second livre, un roman et dans l’immédiat, j’ai fini la queue du trampoline, je vais pouvoir regarder les exploits !