« La saison d’ouverture du musée est rythmée par une sortie à thème par mois », annonce avec enthousiasme Pascale Roll Schneider qui met un point d’honneur à éveiller les intérêts des curieux de toutes générations, d’ici comme d’ailleurs. D’avril à octobre, les animations s’articuleront autour du thème Thermos axé sur la géothermie et faisant écho à l’actuelle réflexion sur la transition écologique. Une première sortie, reconduite en août, intégrera une escapade au site de géothermie de Rittershoffen. En mai, les amateurs de géologie pourront suivre François Pilgram, ancien professeur de sciences de la vie de la terre. En juin, lors d’un après-midi famille, un jeu d’énigmes présentera la géothermie de façon ludique via Alsasciences (manifestations conviviales valorisant la science, organisées par le Jardin des sciences et l’Université de Strasbourg).
Toujours en juin, avec la participation de l’ONF, une sortie est prévue dans la forêt d’Exception de Haguenau. Durant la période estivale, une traditionnelle sortie historique retracera l’histoire de l’or noir de Pechelbronn à travers les siècles. À l’automne, lors des Journées du Patrimoine, l’historien spécialisé en patrimoine industriel Frank Schwarz donnera des éclairages sur l’architecture et le bâti spécifique du lieu.
Ce même jour mettra aussi à l’honneur les deux ouvrages jeunesse qui se déroulent à Pechelbronn en présence de l’éditeur et des auteurs (voir encadré). Pour clore la saison, le Parc des Vosges du Nord vous contera des petites histoires lors d’un moment familial et la sortie Résurgence, toujours très attendue avec Raymond Michels, chercheur au CNRS et spécialiste en géoressources, fera découvrir le pétrole affleurant naturellement les sols environnants. « La surprise, voilà ce qu’expriment nos visiteurs après avoir poussé la porte de notre petit musée qui regorge d’une grande histoire », conclut Pascale Schneider Roll.
Le programme détaillé sur : musee-du-petrole.com
Les hommes de l’or noir
Henri Haessig, le dernier mineur de Pechelbronn
La première fois qu’Henri Haessig de Lampertsloch descend à la mine, il a 14 ans. Dans les galeries entre 150 et 400 mètres de profondeur, il se souvient d’avoir été un garçon parmi des hommes, partageant les mêmes peurs. Ils travaillaient quasi nus, avec un linge autour de la taille, dans une chaleur moite oscillant entre 30 et 40 degrés, un travail lourd avec pioche et pelle, pendant lequel il fallait veiller à ce que la lampe ne tombe et ne s’éteigne pas. Mineur jusqu’en 1950, date de la fermeture des mines de fond, il est aujourd’hui, à bientôt 95 ans, l’un des derniers témoins du vécu des mineurs de Pechelbronn.
Ernest Jost, le dernier salarié
En décembre 1963, Ernest Jost a 21 ans, il est le tout dernier employé à signer un contrat d’embauche à la Société de Pechelbronn. Après des études de chimie à l’École des Carburants de Nancy, le jeune technicien est venu compléter l’effectif du laboratoire qui sera racheté le 1er janvier 1964 par Pechelbronn Progil.
En 1970, juste avant la fermeture définitive du site, il refuse un reclassement qui l’aurait déplacé dans le Haut-Rhin ou en Seine-Maritime. Ernest explique que son expérience à Pechelbronn a été bénéfique pour la suite de sa carrière, car il a pu toucher à tous les savoir- faire liés aux essences spéciales filtrées, en laboratoire il fallait dominer l’ensemble des processus de fabrication. Cette qualification acquise sur le site a été un atout pour proposer ensuite des conseils techniques aux clients brasseurs ou parfumeurs de l’entreprise wissembourgeoise qu’il a ensuite intégrée. De son passage à Pechelbronn, Ernest garde un souvenir très ému, son père y avait fait toute sa carrière de contremaître pendant plus de 50 ans. Après quatre années de présidence, il est toujours actif au sein de l’Association des amis du Musée du pétrole, proposant du guidage en allemand, langue dans laquelle il maîtrise tous les termes techniques. Son épouse Angèle (à ses côtés sur la photo) a fini par le suivre dans sa passion et son attachement au site pétrolier. Elle s’est investie notamment dans le guidage des scolaires, insistant sur l’intérêt pédagogique du musée dont le but est de donner une ouverture. Dans la famille Jost, les petits enfants qui sont tombés dedans quand ils étaient petits, ont pris goût à l’histoire de l’or noir de Pechelbronn et perpétuent l’enthousiasme de leurs grands-parents.
LB