Régis, je peux presque dire « tel père, tel fils », n’est-ce pas ?
Régis Stoltz : Oui. Mon père est un ancien pilote moto. Il a évolué en régional en courses de côte, mais aussi sur circuits. Son rêve a toujours été de participer à de grandes courses comme les 24 Heures du Mans ou le Bol d’or. L’année où il aurait pu y participer, tout est tombé à l’eau, car il s’est gravement blessé à la nuque, en passant à deux doigts de la mort.
Comment a commencé votre histoire avec la moto ?
RS : J’ai grandi en regardant des courses à la télé, aux côtés de mon père, avec les yeux grands ouverts. J’ai tout de suite accroché. Petit, j’avais déjà envie de faire du circuit, mais mes parents n’avaient pas les moyens de le payer. À la place, ils m’ont inscrit en motocross, ce qui coûtait moins cher. Jusqu’à mes quatorze ans, j’en ai fait pour le plaisir. Mais c’est aussi à cet âge-là que j’ai fait mon premier gros accident. Je m’en suis sorti avec un gros traumatisme crânien et les épaules déboîtées. Ça a calmé ma mère qui a vendu la motocross et qui a décidé, avec mon père, de m’acheter une 50cc pour évoluer sur routes.
À quoi ressemblaient vos débuts en compétition ?
RS : À 17 ans, j’étais apprenti mécanicien. Mon père a vendu tout ce qu’il avait pour m’acheter une première moto de circuit, une Honda 600 CBR. J’ai commencé à rouler sur circuit et je finançais tout avec ma paie d’apprenti. Lors de ma première compétition régionale, je n’ai pas fini une course de la saison. Je chutais à chaque fois. Plus tard, à ma majorité, une concession près de chez moi m’a prêté une KTM 390. Ainsi, j’ai commencé à rouler, j’ai même remporté la première course avec cette moto. Cette année-là, j’ai terminé troisième du championnat. Par la suite, je suis passé en 1000cc. Après trois ans en régional, en 2019, je suis devenu champion d’Alsace et j’ai remporté le trophée de la vitesse de l’Anneau du Rhin. Il était temps pour moi d’évoluer au national. C’est ce que j’ai fait en 2020 en participant à ma première saison Promosport. Je participais à quelques courses, sans dépasser mon budget.
Mais votre amour de toujours, c’est l’endurance…
RS : Effectivement. En 2021, grâce à mes bons résultats, j’ai obtenu mon premier guidon en endurance, en tant que pilote de secours pour les 24 Heures du Mans. Cette équipe, qui n’a pas enregistré de pilote blessé avant la course, n’a pas eu besoin de moi. J’ai finalement rejoint une autre équipe, Mana-Au, amputé d’un pilote au dernier moment. C’est ainsi que j’ai pu participer à mes premières 24 Heures. La course s’est bien déroulée. Nous avons pu la terminer en ayant très peu de soucis. Ensuite, l’équipe qui m’avait recruté dans un premier temps comme pilote de secours m’a engagé pour le reste de la saison d’endurance. Ainsi, j’ai pu participer à toutes les courses, comme le Bol d’or, les 24 Heures de Spa-Francorchamps, les 12 Heures d’Estoril au Portugal ou encore les 6 Heures de Most en République-Tchèque. À ce moment, j’étais dans la catégorie Superstock, où les motos étaient très réglementées.
Vous venez de participer à vos troisièmes 24 Heures du Mans. Comment s’est déroulée la course ?
RS : Cette année, Mana-Au est passée dans la catégorie supérieure, l’EWC. Cette dernière compte moins d’engagés que la précédente, le Superstock. Elle coûte surtout plus cher et regroupe des pilotes plus expérimentés. Pour cette troisième édition, j’ai roulé aux côtés de Samuel Trueb, Cyriac Gevaux et Marcus Delestre. C’était une bonne équipe, motivée, prête physiquement et mentalement. Malheureusement, nous avons eu une casse moteur avant la fin de la course, ce qui nous a contraints à abandonner. C’est dommage, car notre départ était bon et nous étions bien en train de remonter le classement. Tout s’est arrêté à la 22e position. Nous en avons presque tous pleuré.
Comment vous êtes-vous préparé pour cette épreuve ?
RS : Ma préparation, c’était six à sept heures de salle de sport chaque semaine, combinées à du VTT, de la course à pied, de l’escalade et même du badminton. Je voulais volontairement diversifier les sports pour être au maximum. Il faut savoir que le circuit du Mans demande une concentration optimale. Il est extrêmement physique. Les lignes droites sont courtes et il est très difficile de se reposer. En plus de cette préparation importante, je participe au championnat de vitesse où je prépare ma moto moi-même. Je travaille dessus quasiment tous les soirs, après ma journée de travail dans mon entreprise, où je gère une dizaine de salariés.
Quelle sera la prochaine étape ?
RS : Dans quelques jours, je pars au circuit de Nogaro, dans le Gers, pour participer à une course de FSBK (Superbike France). Le moto club de l’Anneau du Rhin est un gros soutien pour moi. D’ailleurs, ce début de saison a été difficile. Je connaissais très bien Clément Stoll. Tous les pilotes du circuit pensent à lui. J’ai une grosse pensée pour sa famille.
Léo Doré