Lui qui est ingénieur dans les télécommunications, se définit comme « un amateur d’orgue, et organiste amateur aussi ». Proche de la soixantaine, Éric Eisenberg se souvient en riant de ses années d’école, et « d’une expérience pédagogique au conservatoire de Strasbourg en piano, où il me manquait quelque chose : le pédalier ! » Plus tard, il devient organiste liturgique, notamment à Niedernai près de chez lui, et confesse : « J’aime remplacer les titulaires pour essayer beaucoup d’orgues ». Entre deux conférences, il met son répertoire à jour, « sur la base des contributions qui me sont envoyées et des orgues que je visite ».
Une liste de 1240 orgues
Car pour lister, décrire et photographier les 1240 orgues alsaciens, « 300 ou 400 personnes m’ont aidé, ce n’est pas du tout un travail personnel », tient-il à préciser. Deux inventaires existants lui ont aussi servi de base, celui de l’évêché dans les années 50, et l’enquête nationale de 1986. Selon lui, « il est évident qu’il fallait faire un inventaire du patrimoine pour en connaître la valeur ». Et ensuite, partager sa passion avec le grand public : « L’idée est essentiellement didactique, expliquer un certain nombre de choses sur le plan technique, sans tabou. En Alsace, le pays des orgues, c’était tout naturel ».
Ainsi notre région possède la plus forte densité d’orgues…
« C’est une spécificité essentiellement historique, explique Éric Eisenberg. À partir de 1820, même le plus petit patelin en a voulu, et parfois deux pour les protestants et catholiques ! Ce n’est pas tant pour la musique ni pour la religion, mais les communes voulaient faire quelque chose d’exceptionnel, comme un théâtre en ville. Ce sont énormément de petits instruments de grande qualité, surtout en matière de mobilier, acquis à l’extrême limite des possibilités financières. »
À cela s’ajoute le fait que l’Alsace est devenue allemande, et que « l’ouverture à d’autres horizons culturels a fait mûrir l’orgue alsacien, qui atteint son apogée entre 1870 et 1930, d’un point de vue esthétique ».
L’info en plus
L’orgue
…le plus vieux : à Bouxwiller, église Saint-Léger (1668 par J.J Baldner).
…le plus récent : à Strasbourg, Cité de la musique, le grand orgue Mulheisen est représentatif du style contemporain (2006 par G.F Walther).
…le plus grand : (en nombre de jeux réels) à Erstein, église Saint-Martin (1914 par E.A Roethinger).
…préféré d’Eric Eisenberg : à Cernay, église Saint-Étienne (1928 par J. Rinckenbach). « Il est révélateur de l’orgue alsacien, par la façon dont il a été créé et modifié. »