Face au raz-de-marée des SUV, les berlines n’ont plus le choix : évoluer ou sombrer dans l’anonymat. Mercedes a depuis longtemps choisi son camp. La pionnière des berlines coupées revient sur le devant de la scène pour mieux mettre en valeur les avantages d’un genre qui tente de se refaire une place. La CLS est de retour et prouve une nouvelle fois que, à une époque où les productions s’aseptisent, la flamme de la passion est la seule véritable valeur ajoutée.
Nous sommes en 2004. Mercedes s’encanaille et présente un redoutable coupé sportif qui vient bouleverser en profondeur les codes du genre. Imaginez : un coupé quatre portes, l’audace est de taille ! Les puristes crient à l’hérésie et demandent la tête du designer en chef.
Mais le succès aura raison de leur complainte restée lettre morte. La CLS était née et bien née. L’Audi A7 Sportback, la Volkswagen Arteon, la BMW série 4 Gran Coupé ou encore la dernière Peugeot 508 pourront venir se pavaner sur les terres défrichées par l’audacieuse CLS. La recette est simple : vous prenez une Mercedes Classe E et vous tentez par tous les moyens de casser la silhouette à trois volumes. La plate-forme est identique, mais les lignes gagnent un incomparable supplément d’âme. Certes, l’espace à vivre est quelque peu sacrifié sur l’autel du style mais celui-ci a vite fait de vous hypnotiser et de vous faire oublier ces basses récriminations matérielles.
En ces temps où les SUV ont déferlé sur le monde et imposé leurs règles de plus en plus figées, en cette période où le plaisir de conduire est mis, à raison sans doute, sous l’éteignoir de normes en tout genre, il n’est pas désagréable de rencontrer des fortes têtes qui résistent encore et toujours aux injonctions du changement sans tourner le dos à la modernité.
Le tigre et le serpent
Pour cette nouvelle génération, Mercedes ne change pas une formule qui relève de la sorcellerie diabolique. Difficile de retrouver la Classe E derrière ce fauve prêt à bondir. Les ingénieurs ont abaissé la caisse, tracé des lignes radicales dans les flancs de la sage berline et amélioré le coefficient de pénétration dans l’air (Cx) à un niveau presque anecdotique (0,26). Comparé à un SUV, les frottements relèvent de la chatouille et sont loin de produire les mêmes effets néfastes sur les consommations, les émissions et le comportement routier qu’ils le font sur les crossovers. Cette CLS est une fille du vent.
Élancée, avec ses 4,91 m de long, et basse avec son 1,39 m de haut, elle a tout du fauve prêt à se jeter sur sa proie. Et sa proie favorite, c’est la route. Certes les 1 935 kg de la bête pèsent un peu au moment de rentrer dans une courbe, mais, une fois la trajectoire prise, rien ne semble pouvoir faire dévier la belle, littéralement agrippée à l’asphalte. La redoutable berline ne négocie pas les virages, elle les avale. La grande force de cette nouvelle CLS est d’être à la fois radicale et douce. La boîte automatique à neuf rapports, merveille d’ingénierie automobile, y est sans doute pour beaucoup. Il convient d’aller piocher dans la liste d’options à l’entrée « suspension » et de débourser 2 300 € de plus pour un dispositif pneumatique : le bonheur est alors total. Sous le capot, ce sont trois moteurs 6-cylindres qui peuvent officier, dont deux diesels et un essence : le 350d 4Matic de 286 chevaux (600 Nm), le 400d 4Matic de 340 chevaux (700 Nm) et le 450 4Matic. Le bloc essence, qui a notre préférence, bénéficie d’un système hybride EQ Boost pour une puissance totale de 367 chevaux. Le 0 à 100 km/h est alors abattu en 4,8 secondes.
Passion dévorante
Mais la Mercedes CLS n’est pas qu’une bête de course. C’est aussi une ode à l’automobile. Certes, le coupé est capable de se mouvoir seul dans les embouteillages ou sur l’autoroute, pouvant tourner, accélérer, freiner et garder ses distances sans la moindre intervention du conducteur. Certes, il est aussi capable de se garer sans personne à bord, par simple action sur un smartphone. C’est d’ailleurs ô combien bluffant. Mais ce serait renoncé à ce qu’à offrir de mieux la CLS : une expérience de conduite unique. Qui peut se mettre au volant d’un tel engin et laisser sans sourciller la technologie prendre le contrôle ? La CLS n’est pas un objet de transport, c’est un objet de plaisir. L’intérieur, avec sa large console centrale plaquée de bois, sa planche de bord en simili cuir, ses soixante-quatre couleurs d’ambiance personnalisables, ses sièges enveloppants/chauffants/massants et ses finitions dignes des plus belles productions de l’Étoile est là pour le rappeler. Un plaisir qui se partage, puisque la CLS peut accueillir pour la première fois 5 personnes. Mais un plaisir qui a aussi un prix : les tarifs démarrent à 76 100 € et culminent à 100 000 €. Tout se paie…