Vous êtes breton d’origine. Comment vous êtes-vous retrouvé en Alsace ?
Joseph Fritsch : Effectivement. Je suis né à Quimper. Alors que j’étais encore un enfant, j’ai été adopté et élevé par une famille alsacienne, originaire du Haut-Rhin, près de Cernay. Souffrant d’une malformation congénitale de la colonne vertébrale, j’ai tout de même suivi un cursus scolaire « normal »,
aux côtés de valides. Depuis, j’ai quitté mon Haut-Rhin d’adoption pour m’installer plus au nord, à Stotzheim, à proximité de Barr où je travaille.
Comment avez-vous découvert le handbike, un tricycle couché entraîné par la force des bras ?
J’ai découvert le handisport à l’âge de 7 ans, via des activités d’été. C’est le handbike qui a retenu mon attention. J’ai très vite développé l’envie de faire de la compétition. À 8 ans, j’ai pris une licence à l’association sport-fauteuil de Mulhouse. C’est elle qui m’a permis de pratiquer cette discipline. Le président de l’association, Patrick Moyses, a été champion du monde en 2004. Un jour, il m’a offert un maillot et c’est là que l’histoire a commencé. Malheureusement, à mes débuts en jeune, il y avait peu de pratiquants, et encore moins des enfants. Il y avait aussi peu de compétitions adaptées. Je participais à une ou deux épreuves dans l’année, notamment avec les Suisses du club. L’idée était alors de se faire plaisir. J’étais souvent le plus jeune, donc je n’arrivais pas toujours à rivaliser. J’ai commencé à avoir de bons résultats un peu plus tard, dans mon adolescence, quand j’étais opposé à des adultes. Ainsi, j’ai pu constater ce que je valais au niveau national et international. Je suivais les groupes de tête, et j’essayais de gagner en expérience.
Quelles sont vos victoires majeures ?
J’ai obtenu mon premier titre de champion d’Europe en 2021. C’est ce qui m’a débloqué au plus haut niveau mondial. J’ai conservé ce titre les années suivantes, en 2022 et 2023. L’année passée, je suis aussi devenu Champion du monde pour la première fois, en complément de plusieurs médailles dans d’autres catégories. Au national, je suis champion de France en titre dans les trois catégories.
Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 se profilent. Comment se fera la sélection des athlètes en paracyclisme et quand serez-vous fixé sur votre sort ?
Dans ce sport, il existe plusieurs catégories de handicaps. Il y a quatre types de vélos différents : les tandems pour les malvoyants, les tricycles, les handbikes et les vélos classiques, pour ceux capables de les rouler malgré un léger handicap. Dans ces quatre grandes familles, il y a des classifications en fonction du niveau de handicap. Elles vont de H5, les moins atteints, à H1, les plus atteints. De mon côté, je suis H4. Onze places olympiques seront réservées aux paracyclistes. Rien n’est encore acté pour moi, malgré mes récents résultats. Je serai fixé sur mon sort le 15 juillet.
Qu’avez-vous prévu pour vous préparer au mieux à cette échéance ?
Il n’y aura plus aucune compétition d’ici là. Je m’entraînerai dans la région, mais j’irai aussi en stage en altitude, pendant trois semaines, début août. L’idée est de créer un excès de globules rouges, afin d’être plus performant lors de la compétition.
Pressé d’y être ?
Quand les Jeux se déroulent à la maison, c’est encore plus beau. Toute la famille pourra facilement venir me soutenir. La pression sera palpable. Je ne pense pas qu’il y ait plus beau à faire comme premiers Jeux.