Lorsqu’il décide de quitter son métier d’ingénieur technico-commercial, et d’ouvrir à 50 ans une librairie spécialisée, c’est comme « un retour à la terre » pour Stéphane Linderer.
En réalité, il va là où allait son père puisqu’il a appris à lire dans ses exemplaires d’Achille Talon, et rallie un quartier pas si lointain : « J’ai grandi à Haguenau et je voulais être mon propre patron ». Lui qui lit « quatre à cinq BD par nuit » s’est associé à Verena Spaeth, sa libraire à Strasbourg depuis dix ans : « Elle est devenue une bonne amie, elle sait sentir ce que les gens aiment et connaît les rayons par cœur ».
Sortir de sa bulle
Dans les 190 m² de plain-pied de l’ancien magasin Romu, Les balades dessinées offrent de grands espaces. Proposer les nouveautés, les légendaires mais aussi « des auteurs plus confidentiels, locaux et ceux qu’on aime, ceux que les gens attendent et ceux qu’ils ne trouvent pas ailleurs», cela tenait du combat ordinaire du libraire. Debout, penchés, empilés ou de face, sur leurs étagères à roulettes, les albums ne sont pas figés dans leur bulle et appellent les lecteurs du futur. Des tapis hérités de Persépolis et des miroirs qui reflètent les idées noires renforcent le côté « comme chez soi, dans un cadre chaleureux. Le prix est le même que sur internet, alors c’est le conseil que les gens viennent chercher », selon Verena. Spécialiste du manga, c’est elle qui a monté le fonds de la librairie, et « même si on est arrêté par le dessin, notre métier, c’est aller vers ce qu’on ne connaît pas ».
Pour Stéphane, « le monde entier est là, et la BD est une manière légère d’y accéder », dit-il en effleurant la couverture de Paris-Damas de Jean-Claude Bartoll. Le grand pouvoir de la BD, c’est de pouvoir passer « de l’humour au plus pointu, la BD documentaire, historique, les sujets difficiles à aborder, qui font réfléchir, les tranches de vie… » Sans rentrer dans une case, les Balades dessinées, c’est le domaine des dieux de la BD.
Dédicaces de Manon Zinck le 16 novembre à 14h. Infos sur Facebook.
Coups de cœur
Verena conseille L’homme montagne de S. Gauthier, « une BD jeunesse écrite comme une fable, un voyage initiatique que je garderai à vie », et Stéphane propose Le photographe de Guibert, qui « suit Médecins sans frontières en Afghanistan, un mix entre photos et dessins ».