Né à Haguenau en 1977, cet Alsacien expatrié en Norvège est l’incarnation même de l’ambassadeur engagé. Fondateur de l’Association des Alsaciens et amis de l’Alsace en Norvège, il organise l’Alsace Fan Day dans son pays d’adoption depuis 2018. Sous son impulsion, cette célébration a d’ailleurs pris une envergure exceptionnelle, se transformant en une semaine entière de festivités dédiée à la promotion de l’Alsace au pays des Fjords. J’ai eu la chance de participer à l’édition 2024, où nous avons fait rayonner ensemble les traditions, le terroir et la convivialité alsacienne. Une semaine intense, ponctuée de rencontres et d’événements gourmands, durant laquelle j’ai pu vivre aux premières loges l’authentique et fervente dévotion de Lionel Diss pour son Alsace natale.
Qu’on ne s’y méprenne pas ! Sous ses airs de type introverti, Lionel cache un tempérament bien trempé. C’est un homme de conviction qui défend bec et ongles les causes qui lui tiennent à cœur et ne donne jamais dans la demi-mesure. Pour comprendre l’engagement de Lionel, il faut remonter à son enfance à Haguenau. Il a 13 ans à peine et s’implique déjà dans une association en lutte contre un projet de sablière à proximité de Harthouse. Amoureux de la nature, le jeune garçon s’inquiète avant tout pour la forêt de Haguenau, là où d’autres se mobilisent par crainte des nuisances. Ce premier engagement en faveur de la nature ancre en lui les notions de persévérance et de pugnacité, ainsi qu’une profonde volonté de protéger ce qui lui est cher. Une conscience précoce du besoin de préserver l’environnement, qui, dès lors, ne le quittera plus !
Coup de foudre pour la Norvège au soleil de minuit
C’est d’ailleurs cet amour de la nature qui le conduit pour la première fois en Norvège à l’âge de 14 ans : « J’ai été attiré par un voyage Soleil de minuit en feuilletant un catalogue Club Junior qui m’avait vendu du rêve avec un bus 5 étoiles, des couchettes et un petit groupe de 20 personnes, raconte-t-il. Au final, on était 40, les couchettes s’étaient volatilisées, on a mangé des boîtes de conserve et on a planté nos sardines dans un sol détrempé en permanence. Mais l’expérience a été géniale. Je suis littéralement tombé amoureux de la Norvège. » À ce moment-là ce sont surtout les odeurs qui l’impactent, le foin posé sur des cordes, le goudron projeté sur la face nord des églises en bois debout. Et bien sûr, les interactions avec ses compagnons de voyage. Il goûte au bonheur de moments simples et authentiques, à l’esprit de communion autour d’expériences partagées. À 18 ans, alors qu’il entre à la faculté de droit de Strasbourg, il n’a qu’un rêve en tête : retourner en Norvège, passer le cercle polaire et atteindre le Cap Nord. Il s’inscrit à la fac par principe, mais passe l’année à organiser son expédition, mobilisant autour de lui un maximum de bonnes volontés. En juin 1996, son aventure prend forme et malgré des conditions climatiques difficiles, elle confirme son amour pour les grands espaces et les paysages nordiques. De retour à Strasbourg, Lionel poursuit ses études, mais l’appel de la Norvège persiste. Il saisit l’opportunité de participer au programme Erasmus à Oslo, où il approfondit ses connaissances en droit de l’environnement et se passionne pour les droits des femmes, deux matières qui éveillent sa fibre humaniste et son besoin d’agir pour un monde plus juste et plus respectueux de la planète.
Des forêts tropicales aux vignes alsaciennes
Jeune diplômé, il commence à travailler pour la Rainforest Foundation, une ONG engagée dans la protection des forêts tropicales. Il y œuvre plus de seize ans, épaulant les populations locales contre la confiscation et l’exploitation destructrice de leurs terres. Lionel se révèle un défenseur acharné des droits des peuples autochtones. Malgré une carrière florissante, des succès avérés et l’estime du fondateur de Rainforest, Lionel décide d’opérer un virage à 180 degrés et de s’atteler enfin à un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps. Il fonde Mitt Lille Frankrike, ou Ma petite France, une agence de voyages sur mesure atypique qui fait découvrir l’Alsace aux Norvégiens.
Pendant un an et demi, Lionel sillonne l’Alsace pour bâtir son carnet de bonnes adresses, des pépites dénichées au gré de ses séjours, qui pour lui incarnent l’âme authentique de sa région bien-aimée. En véritable avocat du terroir, il défend les valeurs et traditions alsaciennes avec la même ferveur qui l’animait dans son rôle de protection des forêts tropicales chez Rainforest : « Ce qui me touche en mon for intérieur quand il en va des peuples autochtones, je l’ai retrouvé dans mes rencontres avec ces femmes et ces hommes qui aiment l’Alsace, qui sont attachés à notre terre, notre langue, notre culture, étaye-t-il. Les similitudes sont notamment frappantes avec ces vignerons engagés, viscéralement attachés à la terre d’Alsace, avec cette conscience de l’importance du milieu, de l’environnement, un immense respect pour le travail, l’héritage de l’histoire et des anciens et le besoin de s’adapter aux changements climatiques. »
Même après toutes ces années, Lionel n’en finit pas d’enrichir son plaidoyer pour l’Alsace. De nouvelles pépites, des jeunes chefs audacieux, des initiatives locales autour des vins naturels et de l’agriculture durable… Ses critères de sélection ? Lionel s’entoure avant tout de partenaires qui sauront faire ressentir aux Norvégiens l’esprit alsacien de partage et de convivialité. Et nul besoin d’un lieu prestigieux pour transmettre cette expérience unique : « Nous avons vécu une soirée extraordinaire dans un caveau plein de vie bien caché dans une jolie impasse avec un groupe de neuf Norvégiens qui ne se connaissaient pas, témoigne Lionel. Ils ont assurément découvert ensemble le pouvoir magique de la tarte flambée, ce plat rustique éminemment fédérateur. »
Le goût de l’Alsace et… des autres !
Évidemment, la gastronomie tient une place prépondérante dans les séjours proposés par Lionel. D’abord parce que l’Alsace est d’une richesse inouïe tant sur les plans culinaires que viticoles. Ensuite parce que les Norvégiens qui vivent une véritable perte de leurs traditions autour de la table s’intéressent vivement à la culture des saveurs. Et enfin et surtout, parce que Lionel est un bon vivant, insatiable de partager ses plus belles découvertes, qu’il s’agisse de restaurateurs ou de vignerons. D’ailleurs sa passion pour la viticulture alsacienne l’amène en 2018 à fonder The Tiny Winehouse, une entreprise d’importation de vins alsaciens en Norvège, avec pour ambition de révéler toute la diversité et l’authenticité des terroirs alsaciens. Lionel, attaché aux valeurs de la biodynamie et des vins naturels, s’entoure de producteurs passionnés qui partagent ses convictions, comme Albert Seltz, Jean Huttard, et Théo Einhart. Malgré sa nature introvertie, et le tempérament casanier qu’il s’autoattribue, Lionel Diss est un infatigable globe-trotter, tisseur de liens et créateur d’émotions. Ses projets et ses voyages incarnent une quête sincère de partage, avec pour dénominateur commun et au cœur de toutes ses initiatives, son Alsace bien-aimée. Il n’a de cesse de la faire rayonner partout où il va. Avec la détermination et la force de conviction, de celui qui agit pour ce qui fait sens. Avec l’intégrité et la sincérité de celui qui se mobilise pour ce qu’il sait juste !