Évidemment inspirée de sa vie de diabétique de type I, l’idée de la BD a aussi « émergé de groupes de parole sur les réseaux sociaux, où je me suis rendu compte qu’il y avait un véritable désarroi. Quand le diagnostic est posé, on a un vrai suivi médical, mais on est peu ou pas averti sur l’impact sur le quotidien », décrit Laure. Elle prend l’exemple du fils d’une amie, tout juste diagnostiqué à 18 ans, qui lui disait « il est pénible, limite méchant en ce moment. Je ne sais pas si c’est le choc de la maladie qui le rend comme ça… »
Lorsque Laure lui apprend que les hyperglycémies rendent agressif, son amie découvre l’impact sur l’humeur, et donc sur la vie privée.
Et c’est sans doute les changements d’humeur que l’auteure met le plus en avant : « Autant la charge mentale est énorme—ne pas pouvoir prendre le volant ou le vélo sans redouter l’hypoglycémie–, autant j’étais plus facilement irritable ». Elle raconte que ses enfants de 2 et 6 ans à l’époque lui disaient « Maman pique-toi le doigt » dès qu’elle « montai[t] dans les tours, et neuf fois sur dix, ils avaient raison ». Si l’auteure idéalise le conjoint de Lola, très à l’écoute, « le support de la BD enlève les sentiments qui biaisent le discours. Si je dis à mon mari je suis fatiguée, il peut l’être aussi en tant que personne saine. Là, comme c’est neutre et validé par des médecins, après trente ans de mariage, il entend différemment que je ne puisse pas l’aider ».
Le regard du professeur Pinger
Laure, qui travaille dans une administration, a ainsi fait préfacer et relire son ouvrage par le professeur Michel Pinger, fondateur du Centre européen d’étude du diabète (CEED) à Strasbourg. « Je ne suis pas professionnelle de santé, et si on parle du quotidien, on parle des traitements, des réactions à avoir, etc. Il fallait un regard professionnel qui m’évite de dire des bêtises. Le professeur Pinger a été enthousiasmé par l’idée ».
Le diabète, qu’elle transcrit en dia-bête comme « une petite bestiole sur l’épaule », finit presque par avoir
« un côté attachant. Plus on l’apprivoise et mieux on la comprend, plus on supporte sa présence ». Une maladie qui pousse aussi à se lancer des défis, « en prenant conscience que du jour au lendemain, on pourrait ne plus avoir la liberté de le faire ». Laure s’est lancée dans le crossfit et la moto… « grâce » au diabète.
La BD est sortie le 14 novembre, lors de la Journée mondiale du diabète.