Mon vrai nom est Elisabeth est un livre qui saisit à la gorge, un texte coup de poing qui déchire le silence et remue les ombres. Dans son enquête, Adèle Yon remonte le fil d’une tragédie familiale : Betsy, son arrière-grand-mère, internée et lobotomisée à la fin des années 50 en France. Une femme dont on a gommé l’existence, effacé le nom, enseveli l’histoire sous des strates d’oubli de honte et de silences. Mais l’oubli n’est pas une fatalité, et l’autrice déterminée creuse, exhume en refusant l’amnésie imposée. Ce qu’elle découvre dépasse le cadre intime : c’est toute une époque, un système, un patriarcat en ordre de bataille contre les femmes insoumises qui surgit des archives jaunies. Dès les premières pages, ce texte brûle. Il ne raconte pas, il fouille, il arrache. Adèle Yon ne se contente pas d’interroger l’histoire, elle l’incarne, elle en fait un combat. Pourquoi Betsy a-t-elle été sacrifiée ? Pourquoi cette peur viscérale, encore aujourd’hui, d’être jugée “folle” dès lors qu’une femme dérange l’ordre établi ? L’enquête devient vertige, et chaque découverte est une lame. Ce que l’on appelait schizophrénie n’était-il pas, bien souvent, qu’un refus d’obéissance ? À travers les diagnostics expéditifs et les dossiers médicaux terrifiants, l’autrice met au jour un système implacable, où la camisole était moins chimique que sociale. On est en apnée.
Ce livre est un cri, un choc, une nécessité.
Il est aussi une plongée intime et bouleversante. En revisitant l’histoire de Betsy, l’autrice explore sa propre angoisse de l’héritage, cette peur sourde d’être broyée à son tour par le poids du passé, cette colère qui l’habite comme si sa voix était porteuse de toutes celles qu’on a fait taire avant elle. Chaque page vibre d’une rage contenue, chaque phrase pulse comme une urgence. Il ne s’agit plus seulement de comprendre, il s’agit de rendre justice, de faire entendre enfin la voix d’Elisabeth. Adèle Yon exhume, questionne, brise les murs du silence avec une rage lumineuse. On referme ce livre en apnée, le cœur battant.