Acacia, l’appellation courante, est une dénomination impropre. L’acacia est en fait le nom du mimosa, aux fleurs jaunes en petits pompons. Mais le faux-acacias et le mimosa font partie de la même famille : celle des fabacées. Son parfum de miel fleuri embaume si délicieusement l’air en mai qu’il est difficile de manquer sa floraison. Ses grappes rappellent celles de la glycine qui est de sa famille. Elles portent en allemand un nom poétique : « Silberregen », ce qui signifie « pluie d’argent. »
La couronne du Christ aurait été tressée avec des brindilles d’acacia. Et selon la Bible, l’Arche d’alliance qui contient les Tables de la Loi aurait été fabriquée avec ce bois, recouvert d’or.
À partir d’avril, il affiche ses boutons blancs qui se transforment en grappes de fleurs en mai et en juin. Sa floraison est de courte durée, d’une quinzaine de jours seulement. Vus de loin, les acacias en fleur créent des masses couleur écrue qui deviennent gris argent selon l’orientation du soleil. En m’approchant de la vallée du Kronthal, entre Marlenheim et Wasselonne, je note chaque année la quantité impressionnante de ces arbres en fleurs présents dans cette forêt. Bientôt leurs pétales tomberont et le vert de leur frondaison les fera se confondre avec le reste de la forêt. Avant, les abeilles auront eu le temps de les butiner et d’en parfumer le miel à venir. Ces grappes de fleurs sont mellifères : elles sont courtisées par les abeilles qui les butinent jusqu’à la tombée du jour pour en faire un excellent miel or pâle et coulant.

Cet arbre très rustique est fréquemment planté au bord des routes. Il colonise naturellement les talus et les remblais. Avant de pousser si gracieusement dans nos bois et sur les bords de nos routes, l’acacia vivait au Mexique et aux États-Unis. Le premier fut semé en 1601 à Paris place Dauphine puis transplanté au jardin des Plantes où il est toujours visible. Ce qui témoigne de sa vigueur et de sa longévité. C’est le botaniste du Roi Henri IV, Jean Robin, qui fut à l’origine de cette première plantation et c’est lui qui donnera son nom au « robinier ».
Le robinier faux-acacia peut atteindre 25 mètres de haut et vivre jusqu’à 400 ans. Son écorce grise, d’abord lisse, se crevasse en vieillissant. Son feuillage d’un vert tendre est léger et doux au toucher. Mais ses épines sont redoutables. Son bois jaune et dur est apprécié par les constructeurs navals. Il est aussi utilisé pour fabriquer des piquets de vigne, des manches d’outils et des pieux de bouchots. Tout est bon en lui sauf ses racines, à l’odeur de réglisse, qui sont toxiques à l’état cru.
Mais ses fleurs sont appréciées : la phytothérapie leur reconnaît des vertus calmantes, toniques, astringentes, émollientes et cholagogues. Ses fleurs sont également aimées sur l’assiette. Pour la joie de votre palais, repérez ses grappes à temps avant qu’elles ne brunissent. Cueillez les fleurs de préférence le matin après la rosée ou le soir avant le retour de la rosée.

©S.Morgenthaler
Les fleurs d’acacia, si célèbres pour les délicieux beignets, fournissent également une tisane agréable. C’est pour ses grappes de fleurs que le robinier faux acacia est le plus apprécié. Macérées dans du vin blanc, elles donnent un apéritif délicat. On peut aussi en faire une liqueur qui parfume salades de fruits, crêpes, cakes et gâteaux de voyage, et qui est également appréciée pour terminer un repas.
Pensez aussi à ajouter ses fleurs crues à des salades composées ou à des macédoines de fruits. Infusées dans du lait, elles parfument flans, riz au lait et crèmes glacées. La tisane des fleurs séchées a des vertus calmantes pour les maux d’estomac, les aigreurs et les digestions difficiles. L’infusion des feuilles stimule la sécrétion de la bile. Les Japonais vont jusqu’à consommer les bourgeons des feuilles bouillies. Les jeunes gousses peuvent être cuites, comme des haricots. Les graines torréfiées donnent un ersatz de café.

Ses jeunes fleurs, encore en bouton, ont un goût de petits pois à manger crues ou cuites. Cuites à la vapeur, elles deviennent légumes pour accompagner viandes ou poissons. Réflexion faite, à part ses racines, tout est bon chez le « robinier faux-acacia » dit acacia. Il symbolise de plus l’immortalité, une utopie qui fait encore rêver l’Humanité.