Maxi Flash : Dans votre Thann natal, comment vous est venue cette vocation pour la scène ?
Sébastien Bizzotto : Après une scolarité classique, marquée par un baccalauréat scientifique et divers groupes de rock avec des amis, je me suis tourné vers la capitale alsacienne, Strasbourg, pour débuter des études de musicologie. J’ai obtenu un DEUG en deux ans. Parallèlement, j’ai intégré le Conservatoire de jazz, toujours à Strasbourg, et j’ai commencé à prendre des cours de théâtre. J’y ai fait la découverte du spectacle vivant et ça a été une révélation. Quand j’étais petit, je disais que j’avais envie de devenir Guy Bedos : tout était écrit ! À 22 ans, en 1998, j’ai stoppé mes études et le Conservatoire, et j’ai commencé à travailler, sur scène. J’ai d’abord joué du Dostoïevski, du Tchekhov et même du Molière. Ensuite, je me suis tourné vers l’improvisation, tout en continuant la musique. J’ai toujours apprécié mélanger les genres.
En 2000, vous fondez Association 2 malfaiteurs avec Thomas Gallezot. Que retenez-vous de ces belles années ?
En réalité, notre premier spectacle date de 1999. Quand je serai grand je serai italien est un de ceux qui a le mieux fonctionné. Nous l’avons joué à plusieurs reprises à Strasbourg et dans toute la France. Nous avons même réussi à passer sur TF1. Depuis, notre duo s’est séparé, en très bons termes, et chacun a continué sa carrière dans son coin. Pour ma part, Association 2 malfaiteurs est devenue la compagnie Esprit joueur, productrice de mes spectacles.
Au quotidien, vous êtes aussi une des figures emblématiques du Théâtre de la Choucrouterie. Quel est votre rôle ?
Après mes pérégrinations avec Thomas Gallezot, je suis revenu à Strasbourg. J’ai intégré la troupe de la Choucrouterie. Je pensais y jouer un an ou deux, mais ça fait déjà 17 ans. Chaque année, je participe aux fameuses revues. Nous donnons près de 80 dates par an, devant plus de 10 000 spectateurs. En parallèle, je participe à d’autres spectacles. La Chouc’ offre une certaine liberté d’expression, de création et d’expérimentation. Roger Siffer nous laisse carte blanche et c’est très agréable. L’année dernière, avec Magalie Ehlinger, nous avons créé la conférence déjantée baptisée Salades Mythologiques. Nous sommes tous deux passionnés par les histoires et les légendes de l’Antiquité. Dans ce spectacle, nous emmenons les spectateurs avec nous pour découvrir les mythologies grecques, égyptiennes, nordiques et même celtiques, tout en laissant l’humour et la folie qui nous caractérisent ressortir. Nous avons donné une représentation à la Chouc’ et elle était complète. Une autre suivra en 2026. De plus, j’ai aussi contribué à réintroduire l’improvisation à la Choucrouterie, aussi bien en français qu’en alsacien. L’année prochaine, un week-end complet y sera consacré : c’est une exclu pour Maxi Flash !

Un monde (presque) parfait. / ©Mathieu Schmitter
En 2016, vous avez lancé Singing in the brain, votre premier spectacle mélangeant musique, humour et sciences. Une drôle de formule !
En effet. J’ai toujours été passionné par les sciences. J’ai toujours apprécié comprendre pourquoi le monde ne tourne pas comme il devrait. Je cherche constamment des réponses à tout. La nature m’émerveille. J’essaie de comprendre cet émerveillement. Singing in the brain était une première réponse.
Vous enchaînez avec un deuxième spectacle, Un monde (presque parfait). Vous le jouerez à Paris et les 10 et 11 octobre à Illkirch-Graffenstaden. Comment le décrire ?
Un monde (presque) parfait a été écrit au RiveRhin de Village-Neuf, dans le sud de l’Alsace. Sur scène, je partage mon émerveillement pour les sciences, et j’aide le public à voir la vie du bon côté. J’évoque aussi ma fascination pour le cerveau humain et ses défauts, notamment les biais cognitifs. C’est un spectacle documenté, drôle et musical qui prend le spectateur par la main pour l’émerveiller à son tour. L’objectif est de rire ensemble dans un monde (presque) parfait. J’adore le jouer. Jusqu’à maintenant, le public a toujours partagé mon émerveillement pour la science, et c’est très agréable. Beaucoup quittent la salle en chantant mes chansons qui parlent de biais cognitifs et même de tétrodotoxine, une toxine présente dans le poisson japonais Fugu. Je suis heureux de remonter sur scène pour le jouer à nouveau.
En avril, vous avez organisé la quatrième édition du Curieux Festival à Strasbourg. Est-ce que cette formule plaît toujours autant ?
Plus que jamais. Cette édition était un véritable succès. Plus de 4 000 visiteurs étaient au rendez-vous. Ce festival d’inspiration scientifique aborde la science avec humour et relâchement durant des conférences et des spectacles, mais aussi les fameuses curieuses rencontres, entre scientifiques et artistes. Pour l’année prochaine, je peux déjà annoncer que le programme sera exceptionnel. Par exemple, la chanteuse Ballerine sera associée à Armelle Rancillac, chercheuse au Collège de France, spécialiste du sommeil. J’espère que la notoriété du festival passera un nouveau cap l’année prochaine.
Les dates à retenir
Sébastien Bizzotto jouera son spectacle Un monde (presque) parfait le 5 septembre au Point Virgule (Paris, réservations : lepointvirgule.com) et les 10 et 11 octobre à l’Illiade d’Illkirch-Graffenstaden (lilliade.illkirch.eu).