Laurent Mauvignier avait déjà marqué les esprits avec Histoires de la nuit. On y retrouvait ce souffle unique, cette écriture dense et vibrante qui tient le lecteur sous tension. Avec La maison vide, son nouveau roman de 750 pages, il confirme avec éclat son talent singulier : celui de raconter l’intime tout en embrassant l’Histoire. Tout part d’une image manquante. Sur toutes les photos de famille, le visage de Marguerite, la grand-mère, a été rageusement effacé. Ce geste d’exclusion devient le point de départ d’une vaste enquête romanesque. En reconstituant ce mystère, l’auteur déploie une fresque familiale qui traverse un siècle, de la Grande Guerre à nos jours.
Son écriture ample, sinueuse, suspend le temps et donne à chaque instant une intensité particulière. Le roman avance comme un puzzle, recomposant peu à peu les drames, les secrets et les silences qui pèsent sur plusieurs générations. L’auteur accorde une place centrale aux femmes, figures fragiles et puissantes à la fois, parfois empêchées, parfois révoltées, mais toujours au cœur du récit. À travers elles, Laurent Mauvignier fait dialoguer les blessures intimes et l’histoire collective. Ses personnages, travaillés dans le détail, acquièrent une épaisseur psychologique rare. Chacun, même le plus modeste, devient porteur d’une humanité vibrante. Cette capacité à révéler les contradictions, à donner voix aux oubliés, confère au roman une force bouleversante.
Un immense livre, ambitieux et sensible, à lire absolument
Refermer La maison vide, c’est quitter une fresque magistrale, à la fois héritière du grand roman du XIXe siècle et ancrée dans notre présent. On en sort ébloui, habité, avec la sensation d’avoir parcouru bien plus qu’une saga familiale : une réflexion sur la mémoire, sur les traces invisibles que laissent ceux qui nous ont précédés.
Isa sur Insta : lodyssee_des_mots
