Cédric Simonin : Où en est la construction neuve ?
Anne Wintenberger : Après une chute historique en 2024, on observe un léger mieux. Environ 115 000 logements devraient être vendus en 2025, contre
108 000 en 2024. Mais les carnets de commandes restent fragiles et le marché est encore loin d’un vrai rebond.
CD : Qu’en est-il du marché de la maison individuelle ?
AW : Il reprend un peu de couleurs, avec une hausse des ventes sur le premier semestre. Mais les prix restent très élevés :
les coûts de construction ont augmenté de 88 % en vingt ans, dont 30 % sur les six dernières années. Cela pèse lourdement sur les mises en chantier, souvent retardées faute de financement.
CD : Et du côté du logement collectif ?
AW : Le collectif reste en grande difficulté. Les ventes stagnent et surtout, les permis de construire se raréfient. Résultat : les stocks de logements disponibles s’assèchent et les perspectives ne sont pas bonnes, d’autant que les élections municipales de 2026 risquent de freiner encore les dépôts de permis.
CD : Quel impact a la loi ZAN sur le marché ?
AW : La loi Zéro Artificialisation Nette impose une réduction progressive des surfaces constructibles. Cela signifie moins de terrains disponibles, et donc un recours accru à la densification et à la construction en hauteur. C’est un changement culturel difficile, mais indispensable si l’on veut continuer à loger dignement.
CD : Le crédit immobilier reste-t-il un frein majeur ?
AW : Les taux ont baissé par rapport à 2024 et se situent autour de 3 à 3,5 %, ce qui est acceptable. Le vrai problème, c’est la solvabilité des ménages face à des prix qui continuent de grimper, et la frilosité des banques à prêter davantage.
CD : Le logement est-il en train de devenir un produit de luxe ?
AW : Les prix au mètre carré augmentent, c’est indéniable. Mais 80 % des Français considèrent qu’être propriétaire est essentiel pour préparer leur retraite. Notre défi, c’est d’inventer des solutions abordables et de redonner confiance aux ménages comme aux investisseurs.



