mardi 18 novembre 2025
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La peau dure de Vanessa Schneider

Dans ce roman, Vanessa Schneider fouille les zones d’ombre d’un lien filial fait d’admiration, de colère et d’une indéfectible tendresse. Éditions Flammarion.

« Je n’avais pas encore fait le tour du sujet, du grand homme aux multiples facettes et de l’enfoiré de père que tu avais aussi été. »

Dès l’ouverture, le ton est donné : pas d’hommage poli, pas de règlement de comptes, mais une tentative honnête de dire la vérité d’un lien impossible.

Michel Schneider, le père, fut un homme public impressionnant : haut fonctionnaire, psychanalyste, critique redouté, écrivain prolifique. Un esprit brillant, une voix écoutée. Mais à la maison, c’était une autre histoire. Sous le charme et l’intelligence, il y avait la colère, les contradictions, la dureté. Un père imprévisible, tour à tour protecteur et blessant. C’est dans cet entre-deux, entre l’admiration et la douleur, que sa fille écrit.

Le livre commence après sa mort. Devant les carnets, les lettres, les archives, l’autrice retrouve surtout les silences et les manques. Elle choisit d’écrire à la première personne, comme pour lui parler encore, dans un dialogue suspendu entre passé et présent. Sa langue est simple, sans lyrisme, mais chargée d’émotion contenue. Chaque phrase cherche la justesse, pas la vengeance.

De cette écriture tendue naît un portrait vibrant : celui d’un homme complexe, mais aussi d’une époque, celle des intellectuels flamboyants, brillants dehors et souvent aveugles dedans.

Au fond, ce livre pose une question universelle : que faire de l’héritage de ceux qui nous ont faits et blessés tout à la fois ? Comment se construire sans renier ni répéter ?
Écrire permet peut-être cela : affronter la mémoire et transformer la douleur en lucidité.
Une lecture bouleversante, juste et courageuse, sur la façon d’aimer sans se perdre.

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